Health students usually report to experience stress during their formation. This is due to their exposure to patient's disease or death, to their learning of interpersonal relationships, and to the discovery of health practitioner's responsibility. Anhedonia represents a deficit in experiencing pleasure that is promoted by stressful living conditions. We hypothesized that health formations promote anhedonia. Our objectives have consisted in measuring anhedonia and analyzing its variation and heterogeneity among health students.

The Temporal Experience of Pleasure Scale (TEPS) was used to assess anhedonia and its anticipatory and consummatory dimensions. TEPS corresponds to an 18-item questionnaire, the score of which is based on a 6-point Likert scale. Low score indicates a high anhedonia propensity. Score differences were analyzed by considering gender, curriculum and formation as independent variables. A cluster analysis was used to explore anhedonia heterogeneity among our sample.

We collected 1231 responses. Our data confirm French TEPS as a reliable tool for anhedonia evaluation in dental and medical students. Statistical analyses reveal a significant effect of gender (male>female), curriculum (clinical>preclinical) and formation (dental>medical) on anhedonia propensity. Cluster analysis highlights four sub-groups of students characterized by increasing anhedonia traits and by different gender, formation and curriculum proportions.

This work describes the first analysis of anhedonia manifestation during dental and medical studies in France. The consequences of our findings for the comprehension of dental and medical students’ mental health during their formation are discussed.

Dans l’ensemble des dispositifs de formation aux métiers de la Santé, les étudiants déclarent être très fréquemment en situation de stress. Les raisons invoquées concernent leur exposition à la maladie, à l’agonie et au décès de leurs patients, mais aussi leur apprentissage des relations professionnelles, et enfin leur prise de conscience des responsabilités liées à la pratique de soin proprement dite. De nombreux travaux rapportent une corrélation entre stress et anxiété ou dépression. En France, quatre formations conduisent à l’exercice d’un métier de Santé (dentiste, médecin, pharmacien, sage-femme). L’orientation des étudiants est opérée de manière très sélective selon un procédé commun à l’ensemble des Universités françaises. Les étudiants sont classés sur leur performance académique à l’issue d’une première année commune aux quatre formations. Ils choisissent leur orientation en fonction de leur rang de classement. L’anhédonisme représente une difficulté à vivre une expérience plaisante. Il a été proposé que l’anhédonisme constitue un substrat commun à l’anxiété ou à la dépression induite par le stress. Nous avons émis l’hypothèse selon laquelle des étudiants de Santé manifesteraient de l’anhédonisme au cours de leur formation. Nos objectifs ont consisté à évaluer l’anhédonisme et à analyser sa distribution dans un échantillon d’étudiants de Santé.

La version française du questionnaire TEPS (pour Temporal Experience of Pleasure Scale) a été utilisée pour évaluer l’anhédonisme. Ce questionnaire est constitué de 18 items structurés en deux dimensions (plaisirs anticipatoire et consommatoire). Des études psychométriques antérieures ont montré que le questionnaire et ses dimensions avaient une bonne consistance interne et une bonne fidélité. Nous avons analysé les propriétés psychométriques du questionnaire dans nos conditions. Nous avons analysé en fixant un seuil de significativité à 5 %, les effets du genre, de la formation (dentaire versus médicale) et du curriculum (préclinique versus clinique) sur l’anhédonisme et les dimensions anticipatoire et consommatoire. L’hétérogénéité de manifestation d’anhédonisme a été étudiée par une analyse de classe et par une analyse discriminante en fixant un seuil de significativité à 01 %.

Notre étude a porté sur 1231 questionnaires (taux de retour=42,1 %) après élimination des réponses incomplètes ou incohérentes. L’échantillon des répondants (sex-ratio=1,90) était composé de 698 étudiants de première année, 322 étudiants en odontologie et 211 étudiants en médecine. L’analyse montre que le questionnaire possède de bonnes qualités psychométriques reproductibles et une structure à deux dimensions identique à celle décrite par ailleurs. Une analyse Anova établit que les étudiants présentent systématiquement un anhédonisme plus important (p<0,001) associé à un moindre plaisir anticipatoire (p<0,001) et consommatoire (p<0,001) que les étudiantes. Les répondants de formation en odontologie manifestent plus d’anhédonisme que ceux de la formation médicale (p<0,01) et nous avons observé que la transition préclinique à clinique dans le curriculum s’accompagne d’un accroissement de l’anhédonisme (p<0,01). La manifestation de l’anhédonisme présente une distribution hétérogène. Quatre sous-groupes d’étudiants ayant un anhédonisme croissant ont ainsi été caractérisés et confirmés par nos analyses. Chaque sous-groupe présente un sexe ratio différent de celui des autres. Les quatre sous-groupes sont aussi constitués par des étudiants de première année et de formation dentaire et médicale en proportions variables. Les étudiants du dernier sous-groupe présentent un anhédonisme très important sous-tendu par un fort déficit en plaisirs anticipatoire et consommatoire, comparables à ce qui observable dans certaines situations psycho-pathologiques.

Notre étude constitue la première caractérisation d’anhédonisme dans un échantillon d’étudiants en Santé. Notre travail confirme le questionnaire TEPS comme outil fiable d’évaluation d’anhédonisme dans des populations d’étudiants et propose une approche méthodologique efficace permettant l’identification d’individus pouvant requérir un accompagnement spécifique par leurs Universités de formation.