L’hypercondylie est une dysmorphose rare touchant l’enfant et le jeune adulte, liée à un excès de croissance du condyle mandibulaire causant des problèmes fonctionnels et esthétiques dominés par l’asymétrie faciale. La démarche thérapeutique est basée sur la distinction entre la forme dite « active » dont le traitement chirurgical garde une bonne efficacité, la seconde forme « inactive », dans ce cas le traitement est plus conservateur. La scintigraphie osseuse à l’HMDP (biphosphonate) marqué au technétium constitue un outil diagnostique des formes unilatérales actives.

Fille âgée de dix ans, sans antécédents personnels ou familiaux particuliers, orientée par un spécialiste en orthopédie dentofaciale à la recherche d’hyperactivité condylienne dans l’optique d’un traitement chirurgical. À l’inspection, l’enfant présentait une latérognathie droite (asymétrie faciale) et la radiographie panoramique montrait une déformation condylienne gauche, de même que la téléradiographie de face. La scintigraphie osseuse planaire a été réalisée trois heures après l’injection de 555MBq (15mCi) de 99mTc-HMDP (Gamma caméra Infinia Hawkey-GE), montrant une discrète asymétrie de fixation des articulations temporomandibulaires. L’analyse a été complétée par une étude tomoscintigraphique couplée à des coupes tomodensitométriques (TEMP/TDM). Les images TEMP seules ont montré une nette asymétrie de fixation des articulations temporomandibulaires au profit du côté gauche avec un ratio de 2 à la quantification relative. Les images TEMP/TDM ont permis de confirmer cette hyperfixation du condyle mandibulaire gauche. À la lumière de ces résultats, un traitement chirurgical a été indiqué.

La décision d’intervenir chirurgicalement dans l’hypercondylie unilatérale dépend de l’évaluation précise de l’activité du condyle mandibulaire car un condyle qui continue à croître va aggraver l’asymétrie et, dans ce cas, une ablation chirurgicale du centre de croissance condylien est indiquée. Dans ce cas, la scintigraphie osseuse aux biphosphonates reste un excellent outil de diagnostic des hypercondylies unilatérales actives. Les performances de cet examen sont nettement améliorées par l’utilisation et le développement de nouvelles techniques, telles la quantification en tomoscintigraphie et la fusion TEMP/TDM.

L’hypercondylie unilatérale est une affection rare. L’utilité de la scintigraphie osseuse aux biphosphonates dans la prise en charge de cette affection est largement admise. Effectivement, elle démontre le caractère actif ou inactif de l’hypercondylie et permet d’orienter la thérapeutique, basée sur la condylectomie précoce, traitement de choix pour les formes actives. L’imagerie hybride garde une place potentielle dans l’évaluation de l’hyperactivité condylienne.