La tuberculose cutanée est encore fréquente au Maroc. Elle représente 1 à 2 % des tuberculoses et 0,1 à 1 % des différentes pathologies cutanées. Il s’agit de la 5^e forme extrapulmonaire. Le but de notre travail est de réévaluer le profil épidémio-clinique de cette entité au sein de notre service.

C’est une étude rétrospective réalisée au CHU Ibn Rochd, concernant les cas de tuberculose cutanée hospitalisés au service ou diagnostiqués au centre de consultation entre janvier 2006 et mars 2017. Les dossiers retenus étaient analysés selon une grille comprenant les données épidémiologiques, cliniques, paracliniques et thérapeutiques.

Soixante-neuf cas ont été colligés, avec un sex-ratio H/F de 0,86 (32 hommes et 37 femmes). L’âge moyen était de 40,3 ans (2–82 ans). Quatre-vingt-dix pour cent des patients étaient de bas niveau socio-économique. Un antécédent personnel de tuberculose a été noté dans 16 % des cas alors qu’un antécédent familial dans 26 %. Aucun cas de VIH n’a été identifié. Le délai diagnostique moyen était de 12 mois. Les gommes et scrofulodermes prédominaient dans 58 %, suivis par l’érythème induré de Bazin (29 %), le lupus tuberculeux (5,79 %), la tuberculeuse verruqueuse (4,34 %) et la tuberculose périorificielle (2,89 %). Une atteinte extracutanée était associée dans 29 % des cas. L’intradermoréaction à la tuberculine était positive chez 91,3 % des cas et la biopsie a révélé un granulome épithélio-giganto-cellulaire avec ou sans nécrose dans 89,8 % des cas. L’évolution sous antituberculeux a été marquée par 16 % de rechute (dix cas d’érythème induré de Bazin et un cas de lupus tuberculeux).

Les particularités de notre étude par rapport à l’ancienne série (P50, ADF 2007) sont : l’augmentation de l’âge moyen (40,3 ans versus 32 ans), l’augmentation des cas de l’érythème induré de Bazin qui est devenue la 2^e forme clinique et la mise en évidence du granulome épithélio-giganto-cellulaire dans 89,8 % versus 57 %. La tuberculose cutanée est encore fréquente dans notre pays, toujours dominée par les gommes et scrofulodermes. On assiste encore à un retard diagnostique prouvant la difficulté diagnostique qu’elle pose vu son polymorphisme clinique.