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Administration rectale de cocaïne ayant entraîné le décès : à propos d’un cas exceptionnel et revue de la littérature - 29/04/18

Rectal administration of cocaine resulting in death: An exceptional case and literature review

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.03.003 
Frédéric Aknouche a, , Christophe Maruejouls a, Emil Chetraru b, Alice Ameline b, Pascal Kintz b, c
a Laboratoire Barla, 6, rue Barla, 06300 Nice, France 
b Institut de médecine légale, 11, rue Humann, 67000 Strasbourg, France 
c X-Pertise Consulting, 84, rue de Saverne, 67205 Oberhausbergen, France 

Auteur correspondant.
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Sunday 29 April 2018
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder

Résumé

La voie rectale fait partie des voies transmuqueuses, permettant une action localisée d’un xénobiotique ou un passage dans la circulation générale. Le xénobiotique ne subit ni l’action des enzymes digestives, ni celle de l’acidité gastrique. Néanmoins, la voie rectale ne permet que partiellement d’éviter la barrière hépatique car la résorption se fait à la fois par les veines iliaques vers la veine cave inférieure et les veines hémorroïdales supérieures qui aboutissent à la veine porte et donc au foie. Cette voie est surtout adaptée au nourrisson et à l’enfant, mais peut être proposée chez le malade nauséeux, inconscient ou incapable d’avaler. Si l’utilisation de suppositoires, de capsules, de lavements ou de pommades est standard, il n’en est pas de même pour une poudre introduite directement. Nous rapportons le cas d’un homme de 44 ans, retrouvé au petit matin, divaguant sur la voie publique, en état d’agitation extrême. Pour le calmer, il a fallu l’intervention des pompiers et l’administration de loxapine. À l’arrivée des forces de police, l’intéressé fait un malaise cardiaque et décède malgré les tentatives de réanimation. Selon la call girl qui l’accompagnait, l’intéressé aurait des tendances gays et se serait introduit la poudre de cocaïne dans l’anus. Tous deux auraient bu de l’alcool. L’autopsie a révélé une congestion multi-viscérale modérée, non-spécifique d’une cause de décès. L’examen radioscopique du corps est sans particularité. Lors de l’autopsie, des prélèvements ont été effectués pour des analyses toxicologiques. La recherche des médicaments inscrits à la pharmacopée française a mis en évidence dans le sang périphérique du diazépam (112ng/ml), du nordiazépam (91ng/ml) et de la loxapine (2ng/ml). L’alcoolémie était à 0,56g/L. Toutes les autres investigations sont négatives, à l’exclusion de la cocaïne et de ses métabolites : cocaïne (681ng/ml), benzoylecgonine (4194ng/ml), ecgonine méthylester (56ng/ml) et cocaéthylène (229ng/ml). Les cheveux étaient également positifs pour la cocaïne (2,9ng/mg). Les observations thanatologiques et toxicologiques sont compatibles avec un décès par usage mixte cocaïne et alcool éthylique. L’originalité de cette observation vient de la voie d’administration (voie rectale) du stupéfiant, confirmée par les déclarations de la personne qui l’accompagnait. Une revue de la littérature complète cette observation, en particulier en discutant la notion de mules (body packers) et de pratiques sexuelles associées à la cocaïne.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

The rectal route is a transmucosal route of administration. Rectal administration of a xenobiotic substance enables local action or direct uptake to the systemic circulation. The xenobiotic is not subjected to the effects of digestive enzymes or gastric acidity. Nevertheless, rectal administration does not entirely circumvent the hepatic barrier as the substance is absorbed at the same time via the iliac veins towards the inferior vena cava and the superior rectal veins towards the portal vein and therefore the liver. This route is especially suited to babies and infants but can be proposed for patients who are nauseous, unconscious or unable to swallow. The use of suppositories, capsules, enemas or ointments is common practice with the rectal route, but this is not the case for a powder inserted directly on the anal tract. For cocaine, this can occur in two situations: drug smuggling and rectal insertion for sexual purposes. In the later situation, only one paper is available in the whole literature, dating 1988. We report the case of a rich, 44-year-old, foreign financier found in the early hours of the morning roaming the streets in a state of extreme agitation. The fire brigade was called and the patient was administered a huge dose of loxapine to calm him down. The patient had a heart attack when the police arrived and could not be resuscitated. According to the call girl who was with him, the patient had gay tendencies and had inserted the cocaine powder in his rectum. Both had been drinking alcohol. The autopsy revealed moderate multi-visceral congestion, not specific to a cause of death. No abnormalities were observed on the total body x-ray. During the autopsy, samples were taken for toxicological testing. The exhaustive screening of the drugs listed in the French Pharmacopeia revealed diazepam (112ng/ml), nordiazepam (91ng/ml), and loxapine (2ng/ml) in the peripheral blood, and the blood alcohol level was 0.56g/L. All the other analyses were negative, except for cocaine and its metabolites: cocaine (681ng/ml), benzoylecgonine (4194ng/ml), ecgonine methylester (56ng/ml) and cocaethylene (229ng/ml). The hair specimen tested also positive for cocaine (2.9ng/mg). The thanatological and toxicological observations are concordant with death due to the use of cocaine and ethyl alcohol. The originality of this observation derives from the administration route (rectal) of the narcotic drug. A review of the literature completes this case report.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Cocaïne, Administration rectale, Décès

Keywords : Cocaine, Rectal administration, Death


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