Profils de symptomatologie dépressive et pronostic chez les patients âgés atteints de cancer : analyse en classes latentes de la cohorte ELCAPA - 07/05/18
Résumé |
Objectifs |
L’objectif principal était l’identification de profils distincts de symptomatologie dépressive chez les patients âgés atteints de cancer. Les objectifs secondaires étaient l’identification des facteurs associés à ces profils et de leur impact pronostique.
Méthode |
L’étude portait sur les 1086 patients inclus dans la cohorte ELCAPA de 2007 à 2012, âgés de 70 ans ou plus, atteints d’un cancer, et ayant eu une évaluation gériatrique dont une évaluation thymique avant traitement. Les profils ont été identifiés par une analyse en classes latentes (ACL) construite avec les symptômes dépressifs comme indicateurs, le choix du meilleur modèle étant guidé par des critères de parcimonie (critère d’Akaïke modifié et BIC ajusté) et d’ajustement (« Bootstrap Likelihood Ratio Test »). Les caractéristiques démographiques, oncologiques, gériatriques et biologiques associées aux classes obtenues ont été décrites par la régression logistique multinomiale uni et multivariée. La valeur pronostique des clusters a été explorée par une analyse de survie univariée (médianes de survie et courbes de Kaplan–Meier), et multivariée (modèle semi-paramétrique de Cox), à un et trois ans.
Résultats |
Nous avons identifiés cinq profils de symptomatologie dépressive sur 847 cas-complets (âge médian 79 ans ; 47,9 % de femmes) : 1 « somatique » (35,8 %), 2 « pauci-symptomatique » (26,4 %), 3 « dépression majeure » (19,9 %), 4 « dépression mineure » (13,8 %) et 5 « démoralisation » (4,1 %). La classe 5 « démoralisation » était caractérisée par un profil atypique associant la présence de cognitions dépressives et l’absence d’anhédonie. En comparaison à la classe 2 « pauci-symptomatique », les patients des classes 1 « somatique » et 3 « dépression majeure » avaient un niveau de comorbidité et de retentissement fonctionnel plus élevé (p=0,028 et 0,004). Les patients de la classe 1 « somatique » avaient plus de métastases et un statut nutritionnel altéré (p=0,03 et 0,028). Les patients des classes 3 « dépression majeure » et 4 « dépression mineure » avaient aussi un statut nutritionnel plus altéré (p<0,001 et 0,002), étaient plus polymédiqués (p=0,003 et 0,017), et avaient plus d’antécédents de chute (p=0,003 et 0,026). Les patients de la classe 3 « dépression majeure » étaient plus souvent hospitalisés et avaient un environnement social de moindre qualité (p<0,001). L’appartenance à la classe 3 « dépression majeure » était associée à un risque augmenté de mortalité à un an (hazard ratio ajusté [HRa]=1,62 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] : 1,06–2,48) et 3 ans (HRa=1,49 ; IC95 % : 1,06–2,10).
Conclusion |
Cinq profils différents de symptomatologie dépressive ont été identifiés chez les sujets âgés atteints de cancer. Des différences portant sur le statut nutritionnel, la polymédication, le niveau de comorbidité et leur retentissement fonctionnel, la présence d’une hospitalisation à l’évaluation et l’environnement social étaient associées à la présence de ces différents profils. Une dépression « majeure » (classe 3) était un facteur indépendant de mauvais pronostic, ce qu’aucune étude originale n’avait confirmé dans une population de sujets âgés.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dépression, Sujet âgé, Cancer, Analyse en classes latentes, Pronostic
Plan
Vol 66 - N° S3
P. S151 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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