Le cancer du col de l’utérus est précédé par plusieurs lésions précancéreuses. Le développement de ces lésions est lié à plusieurs déterminants (infection HPV, comportement sexuel, habitude toxique, etc.). Au Maroc, les informations sur ces lésions sont limitées. L’objectif de cette étude est d’étudier le profil microbiologique, et épidémiologique des lésions précancéreuses du col utérin.

Il s’agit d’une étude transversale menée entre novembre 2009 et avril 2012 dans des centres de santé du réseau de soins de santé de base (un centre à Rabat, un à Casablanca et un à Fès) et au centre hospitalier de gynéco-obstétrique « Les orangers » de Rabat. La population cible était représentée par toutes les femmes consultantes en ambulatoire pour des pathologies autres que les pathologies gynécologiques (infection gynécologique, troubles des règles, etc.) ainsi que les femmes consultantes dans le cadre du suivi de grossesses. Le recueil des données s’est fait par un questionnaire administré par des enquêtrices formées. Le questionnaire comprenait des informations sociodémographiques, les comportements sexuels, l’hygiène intime, les caractéristiques reproductives, etc. En plus les femmes ont bénéficié d’un examen gynécologique avec prélèvement pour le FCV et pour le génotype de l’HPV.

La population de l’étude était composée de 373 femmes. La moyenne d’âge était 50,7±12,77. Plus de 74 % des femmes étaient mariées. Plus 64 % des femmes n’avaient pas de couverture sociale. La majorité des femmes (92,3 %) habitaient en milieu urbain et suburbain. Le niveau socioéconomique était bas pour 64,3 % des femmes. La majorité des femmes (85,6 %) étaient sans profession Plus de 50 % des femmes étaient non ménopausées. L’âge aux premières règles était≤12 ans chez 41,7 %. Le nombre de grossesse était supérieur à trois chez 54,6 % des femmes. L’âge à la première grossesse était>22 ans chez 41,3 % et l’âge à la dernière grossesse était≤35 ans chez 53,7 %. Plus de la moitié des femmes utilisaient un contraceptif par voie orale (58,4 %) et 25,2 % utilisaient le préservatif/ou le diaphragme ; 63,5 % des femmes de notre population avaient un âge de premier rapport sexuel<18 et presque 10,2 % avaient eu plus d’un seul partenaire sexuel au cours de leur vie ; 21,3 % des femmes avaient des maris avec plus d’un seul partenaire sexuel au cours de leurs vies ; 8,8 % des femmes avaient des rapports sexuels lors de la menstruation et 89,4 % faisaient une toilette intime après chaque rapport sexuel. L’infection HPV était présente chez 13,3 % des femmes. Dans 80 % des cas l’infection HPV était simple. L’infection par HPV hautement oncogène (HPV 16 et HPV 18), simple ou multiple, était présente chez 57,8 %. Seulement 8 % des femmes avaient des lésions précancéreuses aux FCV ; 51,9 % de ces lésions étaient de bas grade, 25,9 % ASC-H, 7,4 % pour le type ASC-US et 14,8 % des lésions étaient indéterminées. Parmi les femmes avec lésion précancéreuse, 88,9 % sans infection HPV, 11,1 % infection HPV oncogène et 0 % infection HPV non oncogène. Parmi les femmes sans lésion précancéreuse, 87,2 % sans infection HPV, 7,1 % infection HPV oncogène et 5,8 % infection HPV non oncogène.

Les résultats de notre travail soulèvent l’importance de renforcer les mesures de prévention secondaire visant à la détection précoce des lésions précancéreuses et de l’importance de l’intégration du génotypage de l’HPV dans ces mesures de prévention.