Les adolescents font souvent l’expérience de la consommation de plusieurs substances psychoactives, ce qui peut avoir des répercussions sur leur santé et leur bien-être et établir des comportements nuisibles qui continuent à l’âge adulte. Bien que la consommation de plusieurs substances coexiste souvent, peu d’études au Maroc ont examiné si ces comportements se regroupent à l’adolescence. Cette étude a pour but d’étudier le regroupement de la consommation de plusieurs substances psychoactives et ses facteurs associés chez les adolescents scolarisés de Taza.

Il s’agit d’une enquête transversale réalisée en 2016 chez les adolescents scolarisés à Taza, au nord-est du Maroc. L’échantillon est composé de 764 élèves de 14–19 ans appartenant à six établissements scolaires (trois collèges et trois lycées). Les données ont été recueillies à l’aide du questionnaire anonyme de « Global School-based Student Health Survey » (GSHS). La co-occurrence des facteurs de risque a été évaluée à l’aide d’une méthode du rapport observé/attendu (O/E). Les combinaisons de facteurs de risque qui ont montré une prévalence plus élevée ont été analysées par la régression logistique multivariée pour mesurer l’association avec les caractéristiques sociodémographiques et les facteurs de risque.

L’usage du tabac était le comportement à risque le plus répandu (16,2 %), suivi de la consommation de drogues illicites (9,2 %), l’usage d’alcool était le moins répandu. Plus de 80 % des adolescents n’avaient aucun des trois facteurs de risque, 10,1 % ont un seul facteur de risque. Les regroupements de deux et de trois facteurs de risque ont été trouvés chez 4,6 % et 4,3 % des adolescents respectivement. La survenue des trois facteurs de risque était supérieure aux attendu (rapport O/A : 43). Les deux combinaisons prévalentes analysées ont montré une association significative avec le sexe, la présence des idées suicidaires et l’influence des pairs (p<0,01).

La co-occurrence de l’utilisation de plusieurs substances psychoactives est fréquente et survient plus souvent que prévu chez les adolescents de Taza. Ces combinaisons sont associées surtout avec des facteurs qui sont modifiables (idée suicidaires et influences des pairs). L’implantation des programmes de prévention précoce qui ciblent plusieurs facteurs de risque chez les adolescents sont nécessaires.