Le cancer colorectal (CCR) est un problème de santé majeur, classé troisième au Maroc, avec une incidence de 8,5 chez les hommes et de 7,7 chez les femmes. Cette incidence augmente chaque année à cause de plusieurs facteurs notamment le changement des habitudes nutritionnelles. L’adhérence au régime méditerranéen en relation avec le CCR a fait l’objectif de la présente étude.

À travers une large étude multicentrique au Maroc, effectuée entre janvier 2009 et février 2017, des analyses descriptives et multivariées ont été effectuées avec le logiciel SPSS v20.0. Un score d’adhérence à la diète méditerranéenne (ADM) constitué de 10 composantes a été construit sur la base de la définition établie par Trichopoulou et al., afin d’évaluer l’adhérence à ce régime chez la population marocaine et sa relation avec le développement de CCR. La médiane spécifique au sexe a été calculée pour chaque composante et la population des témoins était la référence appliquée sur l’ensemble de la population incluse. Pour chaque participant, une valeur de 1 a été attribuée à une consommation supérieure à la médiane pour les composants bénéfiques du score, et 0 pour une consommation inférieure à cette médiane. Vice versa pour les composants non bénéfiques.

Cette étude a inclus 2920 sujets, 1460 cas et 1460 contrôles. Leur âge variait de 18 à 91 ans. Le pourcentage des femmes était plus élevé que celui des hommes avec (50,7 % versus 49,3 % respectivement). La majorité de la population vivait dans des zones urbaines (71,0 % versus 78,6 %) pour les cas et les témoins respectivement. La plupart des participants étaient analphabètes (62,2 %) et pauvres avec un revenu mensuel≤2000 MAD (82,5 %). L’adhérence au régime méditerranéen était inversement associée au CCR, avec une réduction de 34 % du risque chez les témoins par rapport aux cas (ORajusté=0,66 ; IC95 %=0,54–0,80). Ce risque diminuait également de façon significative en fonction du niveau d’études (OR ajusté=0,74, IC95 %=0,59–0,93) pour le niveau primaire, (OR ajusté=0,54, IC95 %=0,41–0,70) pour le niveau secondaire et (OR ajusté=0,44, IC95 %=0,31–0,63) pour le niveau supérieur. Les mêmes résultats ont été trouvés pour le revenu mensuel, le risque de CCR a diminué significativement avec un revenu mensuel plus élevé (pour un revenu entre 2000 et 5000 MAD, OR ajusté=0,63, IC95 %=0,49–0,81), et un revenu supérieur à 5000 MAD (OR ajusté=0,40 ; IC95 %=0,26–0,63). L’IMC était positivement associé au risque de CCR (surpoids OR ajusté=1,23 ; IC95 %=1,03–1,47), (obésité OR ajusté=2,27 ; IC95 %=1,73–2,97).

Cette étude multicentrique a confirmé l’impact bénéfique du régime méditerranéen sur le risque de CCR chez la population marocaine. Les catégories de population les moins adhérentes à ce régime avaient des niveaux socio-économiques bas par rapport aux adhérents, d’où l’importance de transmettre des recommandations nutritionnelles pour cette tranche de population.