Continuité des soins en médecine générale au diagnostic de cancer (COOC-GP study) : une étude de cohorte nationale sur 5840 patients - 07/05/18
Résumé |
Introduction |
La littérature suggère que patients et médecins généralistes (MG) peuvent perdre contact quand un cancer est diagnostiqué, situation où spécialistes et équipes hospitalières de cancérologie prennent l’initiative des procédures et des traitements. Pourtant, la continuité des soins (CDS) entre patients et MG est valorisée par ceux-ci, et est associée à de meilleurs indicateurs de santé. Nos objectifs étaient d’étudier s’il existait ou non une rupture de la CDS entre patients et MG au moment du diagnostic de cancer et après, et d’en identifier les facteurs associés.
Méthodes |
Il s’agit d’une analyse a posteriori d’une cohorte prospective construite par un réseau national de MG français. Les patients ayant un diagnostic de cancer incident entre 2000 et 2010, suivis depuis au moins 18 mois, ont été inclus. Les consultations du MG, les caractéristiques des patients (y compris site tumoral, stade métastatique, comorbidités) et celles des MG ont été collectées. La fréquence de consultation avec le MG a été mesurée au cours du trimestre précédent le diagnostic et l’année suivante, et comparées à une période de référence d’un an. Une rupture de la CDS était définie comme un intervalle maximal entre des consultations consécutives plus long dans la période d’étude que dans la période de référence (test de Student apparié). Les différences entre les groupes de patients consultant fréquemment (]0–3 mois]), régulièrement (]3–6 mois]) ou occasionnellement (> 6 mois) ont été testées (Chi2 de Pearson ou Anova). La distribution de ces fréquences de consultations a été testée. Les facteurs (patients et médecin) associés à une rupture de CDS ont été recherchés par des modèles de régression logistique uni- et multivariés.
Résultats |
Parmi les 5840 patients éligibles, 2853 ont été inclus. Ils avaient en moyenne 66,1±13,9 ans, 1440 (50,5 %) étaient des femmes, 389 (13,6 %) étaient métastatiques et 769 (27,0 %) avaient au moins une comorbidité associée. Les patients consultant fréquemment dans la période de référence (avant le cancer) étaient plus âgés et avaient un score de comorbidité plus élevé. Le nombre moyen de consultations et la proportion de patients vus au moins une fois par trimestre augmentaient jusqu’au premier trimestre après le diagnostic. En comparant à la période de référence, l’intervalle maximal entre deux consultations consécutives était plus court au trimestre précédant le diagnostic : 123jours en moyenne [IC95 % : 120–126] versus 203 [IC95 % : 194–212] (p<0,001), et au cours de l’année suivante : 91jours [IC95 % : 89–93] versus 196 [IC95 % : 187–205] (p<0,001). Une rupture de CDS a été observée pour 26,9 % des patients au cours du trimestre précédant le diagnostic, et pour 22,0 % d’entre eux l’année suivante. En analyse multivariée, l’augmentation du score de comorbidité et le fait d’avoir un cancer du poumon étaient indépendamment associés à une réduction de rupture de CDS au cours de l’année suivant le diagnostic de cancer, après ajustement sur la fréquence des consultations dans la période de référence.
Conclusion |
Cette étude montre une augmentation globale du nombre et de la fréquence des consultations en MG au moment et après le diagnostic de cancer. Cependant, cette étude montre aussi qu’il existe une rupture de la CDS avec le MG pour un quart des patients au moment du diagnostic de cancer et après. Pour compléter ces résultats, les effets du diagnostic de cancer sur le contenu des consultations des MG seront à explorer.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Continuité des soins, Médecine générale, Tumeurs, Diagnostic
Plan
Vol 66 - N° S3
P. S185 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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