Les violences dans les relations amoureuses (VRA) touchent un nombre important d’adolescents et pourraient avoir des répercussions majeures sur la santé et le bien-être de ces individus. La victimisation pourrait notamment être associée à la dépression, à certains symptômes de stress post-traumatique ou encore à des idées suicidaires. L’étude des facteurs de risque sous-jacent aux VRA est essentielle pour élaborer des stratégies préventives efficaces visant à enrayer ce phénomène. La plupart des études sur le sujet se sont attardées à l’analyse des facteurs individuels et familiaux et peu d’entre elles se sont intéressées aux facteurs socio-environnementaux, liés aux caractéristiques des milieux locaux (quartiers). Pourtant, ces facteurs seraient associés à d’autres types de comportements violents. L’objectif de ce travail est d’évaluer les liens entre la composition sociodémographique des milieux locaux et la violence physique dans les relations amoureuses chez les adolescents au Québec.

À partir de l’enquête « Parcours amoureux des jeunes », réalisée entre 2011 et 2014 auprès de 8194 élèves du secondaire, la victimisation et la perpétration de la VRA ainsi que plusieurs variables individuelles ont été mesurées. Les données de l’Enquête nationale sur les ménages et le recensement de la population de 2011 ont permis de décrire la composition sociodémographique des milieux locaux à travers des mesures du statut socioéconomique, de la monoparentalité, de la diversité ethnique et de l’instabilité résidentielle. Des modèles de régressions multiniveaux ont ensuite été utilisés pour évaluer l’association entre la forme physique de la VRA (victimisation et perpétration) et les différentes caractéristiques sociodémographiques des milieux locaux. Après stratification par genre, des interactions entre chacune des caractéristiques des milieux et le type de milieu (urbain/rural) ont été analysées.

Les analyses multiniveaux suggèrent que la VRA s’explique davantage par des facteurs au niveau individuel qu’au niveau des milieux locaux pour la victimisation (ICC=1,43 %) et pour la perpétration (ICC=2,97 %). Il existerait toutefois une association entre la perpétration de la VRA, d’une part, et la diversité ethnique (OR=1,17 ; IC95 % [1,01–1,36]) et l’instabilité résidentielle (OR=1,22 ; IC95 % [1,00–1,49]), d’autre part. Chez les garçons, l’instabilité résidentielle des milieux locaux serait associée à la VRA (OR=2,22 ; IC95 % [1,43–3,46]). En ce qui concerne les filles, il existerait une association entre la diversité ethnique et la VRA (OR=1,20 ; IC 95 % [1,01–1,41]). Pour ces dernières, une interaction entre le type de milieu et le statut socioéconomique des milieux locaux a également été trouvée. La hausse du statut socioéconomique de ces milieux serait associée à une augmentation de la probabilité de perpétrer de la VRA en milieu rural mais pas en milieu urbain.

Certaines caractéristiques des milieux locaux pourraient influencer la perpétration de la VRA chez les adolescents. Les stratégies de prévention devraient donc considérer le rôle du contexte social et du type de milieu pour enrayer ce phénomène. Pour cela, la mise en place d’interventions adaptées au niveau des quartiers et des communautés pourrait s’avérer efficace.