Cette étude est une évaluation du risque infectieux professionnel de salariés d’une entreprise d’ingénierie de l’eau, par une équipe pluridisciplinaire, à la demande d’un médecin du travail. L’activité étudiée est une descente en égout pour un relevé d’appareils de mesures (sondes) dans un contexte de débitmétrie réglementaire sur un réseau d’eaux usées relié à un déversoir d’orage. Les objectifs étaient de mettre en évidence les activités comportant un risque infectieux pour la santé des salariés, de les classer dans une matrice de criticité (en fonction de la fréquence et de la gravité) et d’émettre des recommandations de prévention à l’entreprise et aux salariés.

La méthode choisie a été une étude du poste de travail (éléments observables de la chaîne de transmission) et une cartographie du risque infectieux par la méthode d’analyse préliminaire des risques (APR). La matrice de criticité a été pondérée par les systèmes de maîtrise du risque mis en place par l’entreprise. Les résultats mis en évidence ont fait l’objet d’une confrontation à la littérature.

L’étude a mis en évidence une exposition des salariés à plusieurs réservoirs de germes potentiellement pathogènes lors de l’intervention. Les modes de contaminations principaux étaient de 2 types : cutanéomuqueuse (par contact ou projection) et manuportée (ingestion et contamination digestive. Les principales phases de travail à risques étaient les suivantes : la descente dans l’égout, la circulation à pied dans la conduite, les contacts avec l’effluent, la remontée, le traitement du matériel et des EPI. Ces phases de travail ont été évaluées comme très fréquentes avec des degrés de gravité variables : vectrices d’accident et d’arrêts de travail.

Plusieurs recommandations ont été émises à la suite de cette étude. La nécessité de l’application des règles d’hygiène a été rappelée. Une information à l’entreprise et aux salariés sur le risque a été préconisée sous la forme d’une sensibilisation collective. Des procédures de conduite à tenir en cas d’accident à risque infectieux (souillure, projection d’eaux usées sur des muqueuses, coupure en milieu contaminé, piqûre par seringue usagée) ont été proposées. En dernier lieu, des vaccinations adaptées, au cas par cas, ont pu être préconisées par le médecin du travail (hépatite A, leptospirose).