La leucémie myéloïde chronique (LMC) a connu des avancées thérapeutiques majeures ces dernières années, modifiant le pronostic des patients concernés et permettant d’envisager une réhabilitation sociale et professionnelle à long terme. Cette étude explore l’impact professionnel de la LMC dans les deux ans suivant le diagnostic.

Cette étude rétrospective, observationnelle, incluait des patients suivis au sein du centre universitaire hospitalier de Toulouse pour une LMC diagnostiquée entre le 01/01/2009 et le 31/12/2014 et traités par un inhibiteur de tyrosine kinase. Deux populations étaient définies : les patients rapportant une ou des modifications dans leur activité professionnelle au cours de l’étude (groupe Acti-Pro+) et les patients ne rapportant aucune modification (Acti-Pro−). Les patients inclus ont reçu un auto-questionnaire en juin 2016. Le critère de jugement principal consistait à déterminer le statut professionnel des patients, représenté par le taux de d’individus ayant une activité professionnelle comparés aux individus bénéficiant d’une pension d’invalidité ou en arrêt maladie, au moment du diagnostic et un an après celui-ci. L’absentéisme, les adaptations et aménagements des postes de travail associés au retour au travail ont également été évalués.

Cent patients ont complété et renvoyé le questionnaire. Parmi eux, 66 patients pratiquaient une activité professionnelle dans les deux ans suivant le diagnostic. Deux ans après le diagnostic, 43 patients avaient été confrontés à des modifications de leur activité professionnelle, en lien avec leur maladie ou aux effets indésirables des traitements (Acti-Pro+), tandis que 23 patients ne rapportaient aucune altération professionnelle (Acti-Pro−). Les changements professionnels comprenaient essentiellement la modification du nombre d’heures travaillées, les changements de statut, de lieu ou de rythme de travail. Dans les deux ans suivant le diagnostic de LMC, 14 patients rapportaient un changement de l’organisation du travail : réductions du nombre d’heures (n=12), restrictions médicales (n=5), reclassements professionnels (n=2), licenciements pour inaptitude médicale (n=2). La perception subjective par les patients d’une difficulté à effectuer le travail était significativement associée à l’existence de modifications de l’organisation du travail.

Notre étude souligne l’existence de conséquences professionnelles pour les patients atteints de LMC. La possibilité de s’inscrire dans une vie professionnelle apparaissant comme un déterminant clé de la qualité de vie perçue par les patients, une évaluation de l’impact professionnel au cours de la réhabilitation des patients devrait être systématique.