L’épilepsie est une pathologie très répandue, avec une prévalence de 600 000 personnes en France, ce qui correspond à 1 % de la population, dont la moitié sont des adultes. Dans 30 % des cas, la réponse au traitement médicamenteux est insatisfaisante, avec persistance de crises. Bien que les manifestations cliniques de cette maladie soient diverses, celles-ci sont fréquemment associées à des difficultés d’insertion en milieu scolaire ou professionnel ordinaire. On relève ainsi un taux de chômage des patients épileptiques jusqu’à 2 fois plus élevé que celui de la population générale.

Devant la nécessité d’une double expertise concernant la pathologie épileptique et la connaissance du milieu professionnel, les hôpitaux universitaires de Strasbourg ont mis en place en novembre 2016 une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) centrée sur la problématique de l’épilepsie et du travail. Celle-ci réunit une fois par trimestre au moins un médecin du travail du service de pathologie professionnelle, un neurologue ainsi qu’une assistance sociale de l’unité d’épileptologie.

La voie d’entrée des patients bénéficiant de cette RCP peut se faire via le service de neurologie dans un objectif d’insertion en milieu professionnel, ou via le service de pathologie professionnelle en cas de problématique relative à la compatibilité entre le poste occupé et les manifestations cliniques de la pathologie. Les objectifs en sont d’évaluer le contexte médico-socioprofessionnel, d’informer le patient sur ses droits et les dispositifs d’insertion disponibles, l’accompagner dans ses démarches et enfin de faire le lien avec les différents intervenants (neurologue, médecin traitant, assistant social, médecin du travail, structures d’aide au maintien dans l’emploi…).

Après une année de fonctionnement, les dossiers de 16 patients ont été abordés. Près de la moitié de ces patients étaient sans activité professionnelle. L’autre moitié exerçait des métiers ne nécessitant que peu de qualifications et sur des contrats de travail précaires (intérimaires). L’orientation a été discutée au cas par cas, avec des préconisations pour des aménagements de poste, orientations conseillées vers un poste en milieu adapté ou protégé, voire des conseils et appuis dans le cadre d’un dossier de demande d’invalidité, 1^re ou 2^e catégorie.

La mise en place de cette RCP a permis de répondre à des problématiques spécifiques et récurrentes au sein de l’unité « malaise et épilepsie » et de pathologie professionnelle, d’améliorer la prise en charge des patients, mais aussi de mutualiser la responsabilité des décisions pour le médecin du travail, qui ne dispose pas toujours de toutes les informations nécessaires pour établir un pronostic de la pathologie.