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Comment maintenir au même poste un psychotique durant 30 ans ? - 14/05/18

Doi : 10.1016/j.admp.2018.03.187 
Marie Laure Solodky 1, , David André 2
1 BIOMERIEUX, Lyon, France 
2 RENAULT TRUCKS, Bourg en Bresse, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Mr T, 55 ans, travaille depuis 3 décennies comme opérateur dans la même entreprise. Il décrit des antécédents de dépression traitée mais le psychiatre évoque une psychose sur personnalité paranoïaque. Il a présenté, il y a 10 ans, un épisode délirant aigu à la suite d’une rupture sentimentale, justifiant une hospitalisation. Il a continué son suivi au centre médicopsychologique (CMP), le traitement a été ajusté permettant une stabilisation clinique. Un second épisode a été déclenché il y a 2 ans par l’arrêt du traitement : Mr T. tient alors des propos à caractère sexuel à ses collègues féminines et parle d’utiliser ses armes de chasse sur le parking de l’usine. Il est réhospitalisé en urgence, le traitement remis en route malgré une forte résistance du patient. Le psychiatre et le médecin du travail œuvrent conjointement afin d’aider le salarié à poursuivre l’observance du traitement et à préparer son retour au poste. L’employeur, à la suite de cet épisode, prévoyait de licencier le salarié. Cependant, celui-ci s’engage à se soigner ; son permis de chasse, ainsi que ses armes lui sont retirés. L’employeur sursoit alors à sa décision. Mr T débute un nouveau poste et a des relations professionnelles satisfaisantes. Malheureusement, deux ans plus tard, il cesse à nouveau son traitement psychotrope mais conserve son suivi mensuel au CMP. Les troubles du comportement réapparaissent, il parle à nouveau d’utiliser des armes sur ses collègues, est en état hypomaniaque. Il est conduit aux urgences psychiatriques ou il refuse l’hospitalisation. Son employeur acte la décision d’un licenciement et le convoque à un entretien auquel il ne se rend pas. Le courrier de licenciement lui est adressé. Mr T se suicide le jour même à son domicile. Sa famille saisit la justice incriminant la responsabilité de l’employeur et du médecin du travail. Ce dramatique cas clinique soulève les questions suivantes :

– quel « suivi médical » sommes-nous capables d’apporter aux patients psychotiques dans les services de santé au travail ? Comment favoriser l’observance d’un traitement afin de maintenir l’insertion de ces patients ? Quel maintien possible à long terme dans l’entreprise, unique lieu de socialisation souvent pour eux ? Après ses épisodes délirants, ce patient n’aurait-il pas moins souffert dans un environnement de travail protégé ?

– quelles conséquences pour les collègues/les managers/les RH des troubles du comportement du patient ? Peut-on parler d’action sociétale des entreprises s’engageant dans une telle démarche, notre salarié ayant refusé le statut RQTH ?

– quelles conséquences juridiques pour l’entreprise, le directeur du site, le médecin du travail lors du suicide d’un patient atteint de pathologie psychiatrique lourde ?

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Psychose, Délire, Suicide, Responsabilité, Maintien


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Vol 79 - N° 3

P. 290 - mai 2018 Retour au numéro
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