Expositions au mercure organique chez des salariées en âge de procréer - 14/05/18
Résumé |
Contexte |
Nous rapportons des cas d’exposition au mercure organique de femmes enceintes dans une entreprise réalisant l’extraction de minerais, dont certains personnels sont amenés à partir pour des missions en Afrique de l’Ouest pouvant durer entre 3 et 9 mois. Pendant leur séjour, ils sont amenés à faire au moins un repas par jour comportant du poisson, ce qui augmente leurs apports alimentaires en mercure organique, sans qu’il soit possible de faire autrement. Les concentrations de mercure mesurées dans le sang total en fin de mission sont généralement comprises entre 20 et 30μg/L, alors que dans la population générale, les individus qui ne sont pas des consommateurs habituels de poisson ont une mercuriémie<5μg/L. Les personnes qui effectuent ces missions sont parfois des femmes en âge de procréer, et la question du risque reprotoxique pour ses femmes est alors soulevée. Le but de cette présentation est d’apporter des éléments de réponse pour la gestion de ces expositions, au vu des récentes recommandations de la société de toxicologie clinique : faut-il continuer à les envoyer en mission ?
Discussion |
Dans l’union européenne, le mercure organique n’est pas classé pour ses effets sur le développement. Il existe des preuves d’effets tératogènes et foetotoxiques, et en particulier concernant les effets neurotoxiques. Des études épidémiologiques rapportent des relations doses effets concernant le développement intellectuel chez l’enfant en cas d’exposition de leur mère pendant la grossesse. Des recommandations récentes de la société de toxicologie clinique ont pris en compte les connaissances actuelles sur ces effets afin de guider la prise en charge des mères exposées et de leurs enfants. Cette expertise a retenu que les concentrations de mercure organique à partir desquelles on observait des effets neurotoxiques chez les enfants corrélés à leur exposition in utero, étaient respectivement de 10μg/g de cheveux et/ou 40μg/L de sang. Au total, l’analyse de ces recommandations permet de faire état d’un risque faible d’effets toxiques du mercure chez l’enfant en cas d’exposition de la mère au mercure organique, aux concentrations rapportées dans cette entreprise. Néanmoins, ces concentrations sont proches des seuils de toxicité retenus par l’expertise collective, on ne peut donc exclure que certaines femmes puissent atteindre et dépasser ces seuils de toxicité. Il apparaît donc préférable de réaliser une surveillance des concentrations capillaires ou sanguines du mercure chez ces femmes, de limiter autant que possible leur consommation de poisson, et de n’envisager une grossesse que lorsque les concentrations de mercure sont inférieures à 2,5μg/g de cheveux et/ou 10μg/L de sang.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Mercure, Grossesse, Reprotoxicité
Plan
Vol 79 - N° 3
P. 302 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?