L’AST 35 a été sollicitée par le Réseau périnatalité 35 pour développer un partenariat afin de favoriser la poursuite de l’allaitement à la reprise du travail. L’exposition au risque chimique chez les femmes enceintes et allaitantes étant trop peu prise en compte, nous avons souhaité construire conjointement un projet de prévention chez ce public sensible. En effet, certaines substances chimiques peuvent avoir un impact sur la fertilité féminine et masculine ou compromettre la survie ou le développement de l’embryon et du fœtus. La fenêtre d’action est très courte (quelques semaines avant et après la conception) et le médecin du travail est généralement informé trop tardivement des situations de grossesse. Un comité de pilotage s’est constitué pour agir sur la promotion de l’allaitement au travail et sur la prévention de l’exposition à des reprotoxiques chez les femmes enceintes et allaitantes. Il était composé d’un médecin du travail, d’une toxicologue industrielle, de pédiatres, gynécologues obstétriciens, sages-femmes et d’une chargée de prévention au sein d’une structure mutualiste. Le choix s’est porté sur l’organisation de conférences à destination de deux groupes d’acteurs : des professionnels de santé en charge du suivi de la grossesse (gynécologues, sages-femmes, médecins généralistes) et les entreprises adhérentes de l’AST35. Elles avaient pour objectifs d’informer sur la réglementation pendant la grossesse et l’allaitement ainsi que sensibiliser aux différentes expositions professionnelles, plus spécifiquement au risque reprotoxique. Les professionnels de santé ont été incités à adresser leurs patientes au médecin du travail dès les premières semaines de grossesse (au mieux en pré-conceptionnel) et lors d’un projet d’allaitement à la reprise du travail. Les employeurs, quant à eux, ont été encouragés à réaliser une évaluation anticipée des risques pour la reproduction via leur document unique afin de pouvoir agir dès l’annonce d’une grossesse (aménagement de poste, reclassement). Ils ont également été conseillés sur les conditions organisationnelles et matérielles à mettre en œuvre pour favoriser l’allaitement à la reprise du travail. Ces conférences ont réuni environ 150 personnes et se sont terminées par une table ronde permettant des échanges entre professionnels. Le comité de pilotage a dans un premier temps prévu d’évaluer l’impact du projet via des indicateurs comme l’évolution du nombre de sollicitations du médecin du travail dans le cadre d’une grossesse. Ce partenariat innovant répond aux enjeux des politiques de santé au travail et plus largement aux préoccupations liées à l’exposition aux perturbateurs endocriniens.