La prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) nécessite souvent une remise en question de certains procédés et modes d’organisation qui apparaissent compliqués à envisager pour les entreprises. La tentation est grande, aujourd’hui, de concentrer les efforts de prévention vers une approche individuelle basée sur la performance physique du salarié. Différentes pratiques (échauffements, étirements, exercices d’endurance et/ou de renforcement musculaire) se développent actuellement dans les entreprises dans une perspective de prévention des TMS. L’objectif du présent travail était d’identifier les principaux effets de ces pratiques dans un contexte de prévention des TMS à travers une synthèse de différentes revues de la littérature. Une recherche bibliographique a permis d’identifier dix revues qui concernaient la pratique d’exercices physiques en entreprise dans un contexte de prévention de TMS (incluant les lombalgies pour deux), huit revues qui portaient exclusivement sur la pratique d’exercices physique au travail dans un contexte spécifique prévention de lombalgies, ainsi que trois revues qui étaient focalisées sur la pratique d’étirements au poste de travail. Aucune revue sur la pratique d’échauffements au poste de travail n’a été identifiée. Les différentes revues analysées convergent vers le fait que la pratique d’exercices physiques peut réduire les douleurs musculaires de la région nuque/épaule chez les salariés symptomatiques adoptant de façon privilégiée une posture globale statique, telle que les employés de bureau. Toutefois, pour ces populations et ces atteintes, les résultats sont apparus plus mitigés pour un effet en prévention primaire. Pour les autres régions du membre supérieur, deux revues de littérature ont conclu à des effets positifs (avec respectivement un niveau de preuve limité et modéré) sur la réduction des douleurs. Pour les atteintes lombaires, la majorité des études avaient été conduites dans le secteur sanitaire et social. Six revues de la littérature ont conclu à effet positif sur la réduction de la prévalence de lombalgie avec un niveau de preuve limité, cinq revues ont conclu (avec un niveau de preuve limité ou modéré) à un effet positif de ces pratiques sur les arrêts de travail. Concernant la réduction des douleurs, les résultats sont apparus variables d’une revue à l’autre (absence de preuve pour une, effet positif avec un niveau de preuve limité pour une et élevé pour une autre). Enfin, des éléments de repère sur le type d’exercice à privilégier, la durée hebdomadaire de pratique, le délai pour l’observation d’effets, la supervision ou encore sur le contexte psychosocial de l’entreprise ont également été apportés par l’analyse de ces différentes revues.