Repérer des facteurs d’usure professionnelle - 14/05/18
Résumé |
L’usure professionnelle peut être définie comme un processus d’altération de la santé qui dépend de la répétition et/ou de combinaisons d’expositions de la personne à des contraintes du travail, modulée par des régulations individuelles et collectives, et susceptible de restreindre les capacités de travail. L’objectif de cette étude était d’explorer ces éléments et leurs relations à partir des données de la base nationale de l’observatoire Evrest.
Au sein de cette base nous avons retenu les 4638 salariés vus à au moins 3 reprises entre 2008 et 2016, avec un délai minimal de 4 ans entre la première et la dernière fiche. Pour chacun d’eux trois dates de visites ont été retenues : la plus ancienne, la plus récente (T3) et une troisième date aussi proche que possible du milieu entre les deux autres. La répétition dans le temps de plusieurs contraintes de travail mentionnées comme fréquentes par les salariés a été mise en relation avec les plaintes ostéoarticulaires en T3 d’une part, avec les plaintes ostéoarticulaires gênantes dans le travail, d’autre part, en tenant compte du sexe, de l’âge et de divers facteurs psychosociaux au travail (régression logistique).
Une relation statistiquement significative a été mise en évidence entre le nombre de fois où les salariés ont exprimé avoir été exposé « souvent » à certaines contraintes de travail et la fréquence des plaintes ostéoarticulaires – gênantes ou non dans le travail – en T3. Par exemple, comparativement à des sujets ayant déclaré ne pas être exposés aux postures contraignantes aux 3 dates retenues, le risque de douleurs dorsolombaires présente un OR=1,30 ; IC95 % [1,02–1,64] pour ceux ayant été exposés « parfois » mais jamais « souvent », OR=1,97 ; IC95 % [1,52–2,56] pour les salariés ayant été exposés « souvent » à une seule des 3 dates, OR=2,82 ; IC95 % [2,10–3,78] pour ceux ayant été exposés « souvent » à deux des 3 dates, et OR=4,12 ; IC95 % [3,01–5,64] pour ceux ayant été exposés « souvent » aux 3 dates prises en compte. Pour ces mêmes groupes de salariés, le risque de douleurs dorsolombaires gênantes dans le travail augmentait de façon encore plus nette : OR=2,21 ; IC95 % [1,52–3,22], OR=4,54 ; IC95 % [3,09–6,68], OR=6,98 ; IC95 % [4,64–10,51] et OR=10,64 ; IC95 % [6,99–16,20], respectivement.
Ces résultats confirment des relations très fortes entre la répétition ou la persistance des contraintes au fil du temps, la détérioration de la santé ostéoarticulaire et la difficulté à réaliser le travail. En termes de prévention, on songe évidemment à contenir l’exposition aux fortes contraintes physiques tout au long des itinéraires professionnels, par la réduction globale de ces expositions et/ou la facilitation de mobilités professionnelles protectrices.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Usure professionnelle, Conditions de travail, Santé, Base de données, Evrest
Plan
Vol 79 - N° 3
P. 347 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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