Cette étude a permis de réaliser une évaluation des niveaux d’exposition des salariés du BTP au dioxyde de titane nanométrique et d’établir un état des lieux des mesures de prévention rattachées à l’activité. Les campagnes de prélèvements ont porté sur des activités exposant les salariés au dioxyde de titane lors de la préparation de ciment « photocatalytique » et d’opérations de pulvérisation de lasure « autonettoyante ».

Ces campagnes ont fait l’objet d’une métrologie classique : prélèvements sur filtres reliés à une pompe et analyses chimiques en différé. Les prélèvements se sont focalisés sur la fraction alvéolaire des aérosols au moyen d’un sélecteur cyclonique de type GKC 269. Ils ont été associés à une détermination granulométrique de l’aérosol au moyen d’un impacteur à étage de type Marple.

Les mesurages de la fraction alvéolaire ont été comparés à la valeur de 0,3mg/m³ proposée par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) pour des aérosols de dioxyde de titane ultrafin prélevés. Appliquée à la production de ciment photocatalytique, cette valeur est fréquemment dépassée aux postes de préparation et d’ensachage. Pour les activités de pulvérisation de lasure autonettoyante les valeurs restent inférieures avec une forte disparité liée au mode de dépôt de la lasure par pulvérisation manuelle ou sous pression.

L’analyse granulométrique issue des impacteurs révèle cependant que, quelle que soit la forme du nanomatériau utilisée, solide dans le cas du ciment ou liquide dans le cas de la lasure, le dioxyde de titane nanométrique se répartit sur l’ensemble des étages des impacteurs. L’ensemble des fractions de l’aérosol est alors concerné : alvéolaire, thoracique et inhalable. Cette répartition granulométrique indique une sous-estimation de la concentration du dioxyde de titane nanométrique lors de la prise en compte exclusive de la fraction alvéolaire d’un aérosol. À ce stade, il est important de déterminer une stratégie de prélèvement qui prendrait en compte non seulement le dioxyde de titane sous sa forme de nano-objet (NO), cas de la collecte de la fraction alvéolaire, mais également sous ses formes d’agrégats et d’agglomérats (NOAA), répartis dans les fractions alvéolaire, thoracique et inhalable.

Par ailleurs, l’introduction du dioxyde de titane sous forme nanométrique sur les procédés industriels liés au marché du BTP n’a pas fait l’objet d’une prise en compte particulière quant à ses risques associés. Il est considéré comme un agent chimique ordinaire et les mesures de prévention qui en dérivent se focalisent très majoritairement sur les protections individuelles.