Un tiers des salariés français est exposé à des agents chimiques dangereux présents dans l’atmosphère des lieux de travail. L’évaluation du risque chimique, qui concerne donc un nombre important d’entreprises, peut nécessiter le recours à la métrologie pour quantifier l’exposition réelle des salariés. Les principaux outils utilisés consistent à réaliser des prélèvements atmosphériques ou biologiques et à analyser en différé ces échantillons en laboratoire. Au-delà des difficultés techniques de mises en œuvre, ces outils ne permettent pas toujours d’établir un lien fin entre une tâche, un mode opératoire et une exposition chimique. Or, l’établissement de ce lien s’avère souvent primordial pour :

– l’identification des phases de travail les plus exposantes et, par voie de conséquence, la mise en place de mesures de prévention/protection pertinentes ;

– la compréhension et l’appropriation des résultats par les salariés et les employeurs.

Il est donc utile de disposer d’outils permettant un suivi de l’évolution dans le temps de l’exposition aux polluants. Le recours à des détecteurs en temps réel de polluants atmosphériques permet souvent d’apporter des réponses à ces objectifs.

Depuis 2008, le service de santé au travail en Drôme-Vercors a déployé des détecteurs temps réel dans plus de 200 situations de travail, pour la détection de composés gazeux ou particulaires. La présentation d’une sélection d’une dizaine de situations de travail illustrera les principaux usages et avantages de ces appareils. Les résultats obtenus et les conclusions associées démontreront la pertinence de ces détecteurs temps réel et leur complémentarité avec les techniques conventionnelles.

En dépit de la présence de plusieurs limites inhérentes à ce type de métrologie, comme le manque de sélectivité, la difficulté de comparaison à une VLEP, l’utilisation de détecteur temps réel procure un apport certain dans l’identification rapide des tâches exposantes, une aide précieuse à l’estimation de l’efficacité de mesures de protection collective ou individuelle, le tout avec un fort caractère pédagogique. La maturité de ces outils, leur rapidité et facilité de mise en œuvre rendent possible leur déploiement au sein des services de santé au travail. Cependant, la maîtrise des limites intrinsèques à ce type de matériel conditionne la qualité des résultats obtenus : il est par conséquent important que les personnels en charge de la mise en œuvre de ces outils bénéficient d’une formation approfondie. Pour conclure, l’association de ces détecteurs avec des moyens d’acquisition de vidéos, avec ou sans logiciel spécifique, permet de renforcer le caractère pédagogique de ces méthodes, comme certains de nos exemples le montreront.