Une maladie à caractère professionnel (MCP) est définie comme tout symptôme ou pathologie considéré en lien avec le travail par le médecin du travail et n’ayant pas fait l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle. L’objectif de ce travail est de décrire les pathologies signalées dans le programme de surveillance des MCP et leurs déterminants sociodémographiques chez les salariés des travaux publics entre 2007 et 2012.

Ce programme s’appuie sur un réseau de médecins du travail volontaires qui signalent pendant deux semaines consécutives deux fois par an, toutes les MCP observées durant leurs consultations et les agents d’exposition susceptibles d’y être associés. Les caractéristiques socioprofessionnelles de tous les salariés venus en visite médicale lors de ces périodes sont également recueillies. Entre 7 et 15 régions ont participé annuellement à ce programme sur la période. Le repérage des salariés des travaux publics a été effectué à partir du secteur d’activité des entreprises les employant. Les taux de signalement, taux de prévalence et autres indicateurs calculés ont été comparés à ceux obtenus chez les salariés des autres secteurs d’activité de même sexe et de catégories socioprofessionnelles comparables.

Entre 2007 et 2012, 8035 salariés des travaux publics sont venus en consultation soit 2,0 % de l’ensemble des salariés vus dans le cadre du programme MCP. Cette population est à forte prédominance masculine avec 94 % d’hommes, parmi lesquels 96 % exercent une profession de terrain et 80 % sont ouvriers. À l’inverse, les femmes exercent une profession administrative dans 76 % des cas et sont majoritairement employées (58 %). Le taux de signalement de MCP chez les hommes des travaux publics est supérieur à celui observé dans la population de référence (7,6 % versus 5,6 %), tout comme la prévalence des troubles musculosquelettiques (TMS) (5,1 % versus 3,3 %) et des troubles de l’audition (1,1 % versus 0,5 %). Près de la moitié (48 %) des TMS signalés par les hommes des travaux publics touchent le rachis lombaire contre 36 % dans la population de référence. Chez les femmes, le taux de signalement est moins élevé que dans la population de référence, mais cette différence n’est pas significative (5,4 % versus 6,9 %).

Ce travail a permis de décrire les maladies à caractère professionnel dans la population spécifique des salariés des travaux publics peu étudiée jusqu’alors. Les résultats montrent que cette population exerce des métiers à risque, et qu’il est important de développer et renforcer les actions de prévention dans ce secteur d’activité.