Le personnel soignant des urgences médicochirurgicales du CHU de Tlemcen dénonce souvent les conditions de travail comme facteurs de risques qui portent atteinte à leur état de santé. Il énumère plusieurs aspects qu’il met en relation avec la surcharge de travail et les multiples contraintes qui en découlent telles que la désorganisation du travail, le contact difficile avec les parents proches…

Méthodologie Pour tenter de décrypter les sources des plaintes du personnel aux prises avec une organisation du travail apparemment pathogène, une enquête épidémiologique a été menée dans un premier temps dont l’objectif est de décrire les contraintes psychosociales et organisationnelles du travail subies par le personnel du service des urgences en utilisant les modèles théoriques de Karasek, et de Siegrist et l’échelle sur « le rapport au travail ». Dans un second temps, il nous a semblé propice d’approfondir ces résultats par une étude plus fine des situations de travail. Ceci nous a conduit à observer de près les situations de travail aux urgences moyennant la concrétisation, dans une première phase, d’une intervention ergonomique par des observations et dans une deuxième phase, l’organisation de Groupes de rencontres du travail (GRT) recourant ainsi à la démarche ergologique en vue de rendre plus visible les débats de valeurs et les renormalisations.

Neuf médecins sur dix, en particulier les médecins généralistes faisant fonction d’urgentistes disent subir de fortes contraintes au travail ; en effet, les exigences psychologiques sont significativement plus fortes chez eux. Par ailleurs, la moitié d’entre eux considère ne pas disposer d’un soutien social suffisant au travail. Les infirmiers spécialisés, par contre, déclarent jouir d’une bonne autonomie au travail et considèrent être suffisamment soutenus dans leur travail.

L’intervention ergonomique a permis d’aboutir à la formulation d’un diagnostic local puis général et proposer des pistes d’actions opérationnelles. L’une des solutions proposées réside dans une politique forte de l’institution, visant à rétablir le lien entre les urgences et le reste des services du CHU en rompant l’isolement du service des urgences par une recherche d’adaptation des capacités d’aval au profil des patients et le développement de filières de soins reliant les urgences au SAMU et aux autres disciplines. L’organisation des groupes de rencontres de travail (GRT), dont l’objet consistait à mettre en place une réflexion critique sur le vécu des situations de travail problématiques, a permis d’approcher encore plus la réalité concrète des situations de travail en s’ouvrant sur d’autres voies éclairant les propositions de transformations.