Proposition de vaccination contre la grippe saisonnière en officine de ville - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
La grippe est responsable de plusieurs milliers de morts chaque année en France et pourtant la couverture vaccinale (CV) reste notoirement insuffisante, notamment au sein des principales populations-cibles. Pour expliquer l’absence de vaccination, on invoque le plus souvent un refus vaccinal global–à une époque où la méfiance envers la vaccination en général prend de l’importance–, le manque de temps ou les difficultés pour obtenir un rendez-vous chez son médecin traitant (MT).
Dans ce contexte, on a imaginé que les pharmaciens d’officine, qui sont en majorité demandeurs de nouvelles tâches, pourraient vacciner directement les patients au sein des officines au moment du retrait du vaccin, comme cela se pratique déjà à l’étranger.
Matériels et méthodes |
Au cours de l’hiver 2015/2016, nous avons interrogé 139 patients qui se présentaient en cabinet de ville (tous motifs de consultation confondus) et pour lesquels la vaccination antigrippale était théoriquement recommandée. Sur les 139 patients de l’étude, 68 % (soit 95/139) étaient âgés de plus de 65 ans et 67 % d’entre eux (93/139) avaient été vaccinés contre la grippe l’hiver précédent par leur MT. La question principale était la suivante : accepteraient-ils de se faire vacciner en officine par leur pharmacien au lieu de revenir au cabinet du MT pour pratiquer l’injection du vaccin ?
Résultats |
Seulement 49 % des patients interrogés (soit 68/139) ont répondu « Oui » à la question et les personnes âgées de plus de 65 ans ont même refusé cette proposition dans 61 % des cas (58/95). Pour 69 % des patients qui ont répondu « Oui » (47/69), c’est la disponibilité du pharmacien et la confiance qu’ils placent en lui qui les pousseraient à accepter. Parmi ceux qui n’avaient pas été vaccinés en 2014/2015 par manque de temps, 50 % (4/5) ont répondu « Oui » car ils y voyaient un gain de temps possible. Concernant les refus, dans 24 % des cas (17/71) il s’agissait d’un refus vaccinal global et pour 38 % des personnes interrogées (27/71) c’était par crainte de trop bousculer leurs habitudes.
Conclusion |
La proposition de vaccination par le pharmacien n’a donc pas été reçue favorablement par les patients de notre étude, il faudra sans doute du temps pour modifier les habitudes de la population mais cela sera possible à condition de savoir mieux communiquer, de rassurer et de convaincre. Un décret paru en mai 2017 a permis la mise en place immédiate d’une phase d’expérimentation de la vaccination antigrippale en officine dans deux régions-test en France. Des travaux ultérieurs évalueront l’accueil réservé à cette mesure et son impact en termes d’amélioration de la CV antigrippale.
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Vol 48 - N° 4S
P. S139 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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