Une unité spécifique CeRRISe : centre de réduction des risques infectieux liés à la sexualité a été créée en janvier 2017 au sein d’un centre de prévention des maladies infectieuses et transmissibles (CPMIT). L’objectif est de prendre en charge notamment les personnes demandeuses de la prophylaxie pré-exposition au virus VIH (PrEP) dans une approche globale de santé sexuelle et pluridisciplinaire (medico-addicto-psycho-sexo). À cette occasion, les infirmières du CeGIDD ont mis en place des consultations formalisées auprès des personnes bénéficiant de la PreP : outre les soins prescrits, des entretiens infirmiers stratégiques visent à évaluer de façon proactive avec les usagers les problèmes éventuels que la PreP n’a pas résolus dans leur vie sexuelle.

À l’aide de formation qualifiante en santé sexuelle (DIU Santé sexuelle et droits humains), de formations basées sur les compétences internes au service (psychologue, sexologue, formations courtes) et de partenaires extérieurs, la pratique infirmière a beaucoup évolué ces 12 derniers mois au CeGIDD. La discipline infirmière en elle-même prend en considération la relation entre la personne, l’environnement, la santé et le soin. La notion d’adaptation de la personne à son environnement, l’idée de continuum de la santé sexuelle sont autant de concepts rattachés à la pratique infirmière et applicables aux entretiens en santé sexuelle. Ces entretiens sont construits à partir d’une méthode et d’outils relationnels à visée solutionniste inspirés de la Communication brève en santé sexuelle, prônée par l’OMS. Ils ont été formalisés grâce à des échelles d’évaluation et des outils de traçabilité. Ils visent à accompagner l’usager vers une prise de conscience des risques pris, la recherche de solutions concrètes et réalisables pour une réduction des risques au quotidien.

À 12 mois, 352 sujets ont consulté dont 186 « Prepeurs » ; 713 entretiens infirmiers ont été réalisés dont 542 avec des Prepeurs. L’exploitation de l’étude qualitative montre une très bonne satisfaction des usagers, une meilleure capacité à déployer de nouveaux comportements face aux situations à risque, une amélioration de leur qualité de vie sexuelle ainsi qu’une plus grande autonomie dans la prévention des IST notamment. Cette nouvelle méthode a demandé un positionnement nouveau et réflexif de la part des infirmières (IDE) du CeGIDD qui continuent à perfectionner les outils relationnels et leur évaluation.

Ces nouvelles pratiques ont permis aux IDE du CeGIDD d’accompagner d’une manière individualisée chaque usager lors d’entretien en santé sexuelle. Cette posture évite le profilage communautaire qui amènerait les personnes à des contre attitudes face aux messages de prévention et de réduction des risques.