Facteurs de sévérité de dengue dans un territoire d’outre mer - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
En 2016–17, ce territoire d’outre mer a connu une épidémie de dengue sévère (516 hospitalisations/4486 cas, 15 décès) caractérisé par la cocirculation de 3 sérotypes. L’objectif de l’étude était d’identifier des facteurs de risque de sévérité et de développer un modèle prédictif de risque.
Matériels et méthodes |
Étude rétrospective des 416 cas de dengue confirmés (RT-PCR+) hospitalisés au CHT de janvier à juillet 2017. Les données recueillies étaient : sexe, âge, ethnie, antécédents, traitements, consommations à risque, symptômes et signes biologiques (lors de la première consultation, en hospitalisation), présence ou non de signes d’alerte et de sévérité (classification OMS 2009), sérotype de dengue, sérologies IgG dengue et zika, prise en charge thérapeutique. Le groupe des patients non sévères a été comparé au groupe des sévères en analyse univariée (Odds ratio, test de Fisher) et multivariée (régression logistique) à l’aide des logiciels Excel, Epi Info 7 et R. Les variables ajustées pour lesquelles p<0,2 en test de Fisher ont été utilisées pour la construction d’un modèle prédictif de risque de sévérité en utilisant une méthode pas à pas descendant (validation par tirage au sort).
Résultats |
Parmi 383 patients inclus, 299 (78 %) présentaient des signes d’alerte, 130 (34 %) des signes de sévérité : 22 (5,7 %) hémorragies majeures, 26 (6,8 %) chocs, 54 (14,1 %) hépatites avec transaminases>1000 UI/L dont 8 (2,1 %) hépatites fulminantes, 38 (9,9 %) insuffisances rénales aigues, 9 (2,3 %) myocardites, 4 (1 %) atteintes neurologiques centrales.
Les principaux facteurs significativement associés aux formes sévères en analyse univariée étaient : classe d’âge (20–30 ans et>60 ans), HTA, obésité, dyslipidémie, prise d’antiagrégants plaquettaires, présence d’au moins un signe d’alerte (notamment augmentation de l’hématocrite et diminution rapide des plaquettes, saignement muqueux, accumulation liquidienne, douleur abdominale), plaquettes<30 G/L, TP<60 %, ASAT ou ALAT>10N, infection antérieure par un virus de dengue. La sévérité n’était pas influencée par l’ethnie des patients ni le sérotype de dengue. Les patients décédés étaient le plus souvent jeunes et sans antécédent.
L’analyse multivariée ayant montré une interaction entre âge et sexe, deux modèles ont été développés en fonction du sexe. Les meilleurs modèles basés sur des critères à la fois cliniques et biologiques avaient une Se=93 % et 90 %, Sp=93 % et 79 %, VPP=87,5 % et 64 %, VPN=83,3 % et 95 %, indice de Youden=0,64 et 0,69, coefficient Q de Yule=0,94 et 0,94, respectivement pour les modèles femme et homme.
Conclusion |
Nous rapportons une épidémie de dengue sévère marquée par une proportion élevée d’atteinte hépatique avec transaminases>1000 UI/L. Nous avons développé un modèle prédictif de risque de dengue sévère robuste et performant avec possibilité de développer un outil informatique opérationnel pour guider la décision d’hospitalisation et l’organisation du flux des patients hospitalisés.
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Vol 48 - N° 4S
P. S17 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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