Apports de la procalcitonine et de la CRP dans les bactériémies du sujet âgé : étude monocentrique sur 776 hémocultures - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
L’atypie clinique des infections même grave est fréquente chez le sujet âgé ; elle conduit à des prescriptions inadaptées d’antibiotiques (sur- ou sous-prescription). Dans plusieurs infections dont les bactériémies, le délai thérapeutique peut être un facteur de surmortalité. Ainsi, de nombreuses prescriptions sont débutées par crainte de la présence d’une infection même si les arguments cliniques sont faibles et souvent en raison de terrain à haut risque de complications (sujet âgé polymorbide).
Les biomarqueurs pourraient être une aide pour limiter ou favoriser les initiations de traitement particulièrement dans les situations d’incertitude clinique où une infection potentiellement grave telle qu’une bactériémie est redoutée. Ainsi, l’usage de la CRP est régulière et, dès qu’elle est élevée, pousse souvent à une antibiothérpaie même en l’absence de foyer infectieux évident. La place de la procalcitonine (PCT) en aide diagnostique est par ailleurs mal définie.
L’objectif principal de ce travail était d’étudier les qualités intrinsèques (sensibilité et spécificité) et l’utilité clinique [valeur prédictive positive (VPP) et valeur prédictive négative VPN] de la PCT et de la CRP dans les bactériémies chez des patients âgés de plus de 75 ans. L’ objectif secondaire était de comparer l’utilité clinique de seuils de VPN.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective menée dans 5 unités de gériatrie chez des patients de plus de 75 ans hospitalisés de 2012 et 2016 pour une bactériémie. Les patients devaient avoir eu une ou plusieurs hémocultures, et un dosage de la PCT et de la CRP à ±24h de l’hémoculture. Les hémocultures uniques positives à Staphylocoques coagulase négative ont été considérées comme des contaminations.
Résultats |
L’étude a porté sur 623 patients de 86,7 ans d’âge moyen. Au total, 776 hémocultures ont été analysées, 118 étaient positives (15,2 %). Sur les 118 hémocultures positives, 109 étaient monomicrobiennes et 9 étaient polymicrobiennes (2 germes), soit 127 germes au total. (Escherichia coli – 37 %, Staphylococcus aureus – 14,2 %, Enterococcus faecalis – 7,9 %, Staphylococcus epidermidis – 5,5 % et Streptococcus pneumoniae – 3,2 %).
L’aire sous la courbe de la PCT et de la CRP étaient respectivement de 0,78 (IC 0,73–0,82) et de 0,62 (IC 0,57–0,68), et significativement différents (p<0,0001). Un seuil de PCT à 0,3ng/mL retrouvait une sensibilité à 84 %, une spécificité à 53 %, une VPP à 24 % et une VPN à 95 %. Pour la CRP, un seuil à 100mg/L retrouvait une sensibilité à 69 %, une spécificité à 21 %, une VPP à 21 % et une VPN à 91 %. L’utilisation de ces seuils de VPN aurait permis de limiter l’antibiothérapie pour 353/776 hémocultures pratiquées avec la PCT et pour 110/776 hémocultures avec la CRP.
Conclusion |
Dans notre population âgée, l’utilité clinique de la PCT (<0,3ng/mL) est significativement supérieure à celle de la CRP (100mg/L). Un taux de PCT inférieur à 0,3ng/mL aurait permis d’éliminer une bactériémie dans 95 % des cas.
Il reste dorénavant à démontrer prospectivement qu’un algorithme diagnostique avec une PCT<0,3ng/L permet de limiter l’initiation d’une antibiothérapie en situation d’incertitudes cliniques sans impacts négatifs sur l’évolution des patients.
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Vol 48 - N° 4S
P. S75 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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