S'abonner

Critères de classification phénotypique de la maladie de Fabry à partir de la cohorte française FFABRY - 06/06/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.03.358 
W. Mauhin 1, , O. Lidove 2, V. Leguy-Seguin 3, B. Dussol 4, E. Hachulla 5, C. Douillard 6, E. Noel 7, A. Masseau 8, D. Lacombe 9, C. Lavigne 10, K.H. Ly 11, O. Benveniste 12
1 Médecine interne et immunologie clinique, Sorbonne universités, Inserm U974, Pitié-Salpêtrière, Paris, France 
2 Médecine interne-rhumatologie, hôpital de la Croix Saint-Simon, Paris, France 
3 Médecine interne et immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon, France 
4 Néphrologie, CHU La Conception, Marseille, France 
5 Médecine interne, CHU, Lille, France 
6 Endocrinologie, CHU, Lille, France 
7 Médecine interne, CHU, Strasbourg, France 
8 Médecine interne, CHU, Nantes, France 
9 Génétique médicale, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
10 Médecine interne et maladies vasculaires, CHU d’Angers, Angers, France 
11 Médecine interne A, CHU de Limoges, Limoges, France 
12 Département de médecine interne et immunologie clinique, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La maladie de Fabry (OMIM #301500) est une maladie génétique rare (gène GLA, Xq22.1 300644) liée à un défaut enzymatique en alpha-galactosidase A lysosomale (aGal). Acroparesthesies, insuffisance rénale, cardiopathie hypertrophique et accidents vasculaires précoces caractérisent classiquement la maladie grèvant qualité et espérance de vie. Depuis les années 2000, l’individualisation de phénotypes cliniques « atypiques » chez les hommes, caractérisés par une activité enzymatique résiduelle non nulle et se résumant en une atteinte d’organe isolée – le plus souvent cardiaque – a modifié l’épidémiologie, devenant aujourd’hui majoritaire. Ces présentations intuitivement moins sévères n’ont pas fait l’objet d’étude spécifique et n’ont pas été dissociées des formes classiques lors des études thérapeutiques. Le but de notre étude était la définition de critères objectifs de classification des patients et la description des caractéristiques de la cohorte française FFABRY.

Patients et méthodes

Les critères de classification étaient mis en évidence par clusterisation automatisée des patients après analyse en composantes principales (ACP) sur les données exhaustives puis validation en analyse de composantes multiples (ACM) en incluant l’ensemble des données cliniques et paracliniques objectives des hommes de la cohorte multicentrique FFABRY inclus entre décembre 2014 à mai 2017.

Résultats

Cinquante-quatre hommes (âge médian 44,4 ans, Q1–Q3 : 32,8–52,0–ans) ont été inclus dans l’analyse. La durée médiane de suivi était de 5,5 ans (Q1–Q3 : 1,8–11,4 ans). Trois groupes homogènes de patients étaient mis en évidence : le premier caractérisé par l’absence de cornée verticillée, d’acroparesthésie, d’angiokératome, de transplantation rénale, d’AVC, la présence de cardiopathie hypertrophique, d’un débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe)>45mL/min/m2 et de mutation faux-sens correspondait à la description du phénotypique non-classique. Le second – caractérisé par un âge jeune, un antécédent d’acroparesthésies, d’angiokératomes, d’un DFGe>45mL/min/m2, sans cardiopathie ni transplantation rénale – et le troisième – caractérisé par un antécédent d’acroparesthésies, de cornée verticillée, d’insuffisance, de transplantation rénale et un âge supérieur – correspondaient tous les deux à la description du phénotype classique dont les atteintes d’organe étaient fonction de l’âge. L’absence conjointe d’antécédent d’acroparesthésies et de cornée verticillée permettaient l’identification de patient non classique avec une sensibilité de 82,3 % et une spécificité de 95 % (aire ROC 88,7 %).

Ainsi défini, on identifiait 29 patients classiques (âge médian 39,8 ans [Q1–Q3 : 29,5–46,3 ans]) et 25 patients non classiques (âge médian 51,8 ans [43,0–60,8]). Leurs âges médians au diagnostic étaient respectivement de 28,6 ans [20,0–40,3 ans] et 45,4 ans [32,7–55,8 ans]. Le phénotype non-classique était plus fréquemment associé à des mutations sensibles au migalastat (17/25 vs 6/24, p=0,004). Des angiokératomes étaient préférentiellement identifiés chez les patients classiques (79,3 % vs 33,3 %, p=0,0007). En excluant les 8 patients en insuffisance rénale terminale et transplantés, tous classiques, on estimait l’évolution du DFG à −2,4mL/min/m2/an (r2=0,66, p<0,0001) chez les classiques contre −1,7mL/min/m2/an (r2=0,61, p<0,0001) chez les non-classiques, prévoyant ainsi un DFG<60mL/min entre 38,7 et 55,8 ans chez les classiques contre 68,8 et 84,2 ans chez les non-classiques (p<0,01). La survenue d’une cardiopathie hypertrophique était plus précoce chez les patients classiques (médiane de survie sans CMH estimée à 31,9 vs 44,3 ans) possiblement liée à une surveillance précoce. À 60 ans, plus de 25 % des hommes avaient un dispositif automatique implantable sans différence entre les phénotypes. Bien que 4 des 5 patients fussent classés dans le phénotype classique, aucun facteur n’était significativement associé à la survenue d’AVC (âge au diagnostic, phénotype, cardiopathie hypertrophique, trouble du rythme, DFG, durée cumulée de traitement spécifique). D’autres atteintes n’étaient pas spécifiques du phénotype, ainsi 51,3 % et 61,2 % des patients se plaignaient respectivement d’acouphènes et d’hypoacousie et 29,2 % de vertiges vestibulaires. Aussi, indépendamment du phénotype, 44,7 % des patients présentaient des symptômes d’anxiété ou de dépression et 4/54 (7,4 %) avaient présenté un épisode suicidaire.

Conclusion

L’absence de cornée verticillée et d’acroparesthésie permettent une classification objective des patients non-classiques qui représentent aujourd’hui près de la moitié des patients avec un pronostic propre. Cette classification phénotypique est nécessaire à l’évaluation objective des traitements actuels.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2018  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 39 - N° S1

P. A109-A110 - juin 2018 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • La transition de la pédiatrie à l’âge adulte dans les maladies auto-inflammatoires : l’expérience d’un centre de référence adulte sur 72 patients
  • S. Georgin Lavialle, K. Stankovic, V. Avellino, P. Quartier, B. Bader-Meunier, I. Kone-Paut, I. Melki, A. Belot, G. Grateau, V. Hentgen, Groupe de travail sur la transition, filière FAI2R
| Article suivant Article suivant
  • Prévalence de l’angiœdème héréditaire de types 1 et 2 à Paris en 2016 (étude EPI-AOH75)
  • S. Gonzalez Chiappe, L. Bouillet, O. Fain, A. Gompel, L. Guis, L. Iordache, J. Laurent, S. Mehlal Sedkaoui, A. Sobel, J.L. Vanhille, L. Weiss, A. Mahr

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.