Démarche diagnostique de la tuberculose chez le dialysé - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La tuberculose demeure un problème de santé publique en Tunisie. La fréquence particulière de cette infection au cours de l’insuffisance rénale chronique et en dialyse est due aux anomalies de l’immunité cellulaire, la dénutrition et l’inflammation. La non-spécificité de la symptomatologie, mimant souvent les signes d’urémie est à l’origine du retard diagnostique chez ces malades. La difficulté diagnostique de la tuberculose en dialyse est multifactorielle. Le caractère multifocal, la fréquence des localisations extrapulmonaires et l’immunodépression expliquent la négativité des prélèvements bactériologiques et histologiques chez les dialysés.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée sur une période de 10 ans intéressant 53 pris en charge pour une tuberculose survenue en dialyse. L’objectif de cette étude est d’analyser la démarche diagnostique de la tuberculose en dialyse (TBC).
Résultats |
Le diagnostic de la TBC était retenu chez 53 patients. La moyenne d’âge était de 54 ans avec un sex-ratio H/F de 0,96 (27 femmes et 26 hommes). Quarante-sept malades (88,5 %) étaient en hémodialyse et six (11,5 %) en dialyse péritonéale. Le délai moyen de la survenue de la TBC par rapport au début de l’épuration extra rénale était de 17,7 mois [1 ; 26,3]. Un niveau socioéconomique défavorable était noté dans 71 % des cas. Trente-trois pour cent n’étaient pas vacciné contre le bacille de Koch et 12 % avaient des antécédents de tuberculose pulmonaire avant la dialyse. La symptomatologie clinique et biologique était très variable et non spécifique. En effet, le tableau était dominé par les signes généraux avec une altération de l’état général dans 50 cas (49 %), un amaigrissement non expliqué dans 45 cas (84,9 %), une fièvre prolongée dans 26 cas (49 %), une toux dans 19 cas (35,8 %), des douleurs thoraciques chez 15 patients (28,3 %) et une dyspnée dans 30 cas (56,6 %). La biologie avait relevé un syndrome inflammatoire biologique inexpliqué chez 48 patients (90,6 %), une anémie récente ou une résistance à l’érythropoïétine dans 47 cas (88,7 %), une hyperferritinémie chez 18 malades (56,3 %), une calcémie élevée ou anormalement normale chez 27 malades (50,9 %) associée à un taux de parathormone relativement bas dans 16 cas (30,8 %). L’IDR à la tuberculine était positive dans 13 % des cas. Le diagnostic positif était retenu sur des éléments bactériologiques dans 17 cas (32,07 %) : le Mycobacterium tuberculosis était isolé dans les crachats chez 6 patients (11,3 %), dans les urines dans 4 cas (7,5 %), dans le liquide d’ascite chez 2 malades (3,7 %), dans le liquide pleural chez un patient (1,88 %), dans la ponction ganglionnaire dans 3 cas (5,66 %) et dans un prélèvement cutané chez un malade (1,88 %). L’étude anatomopathologique était en faveur de la TBC dans 11 % des cas (6 patients). Il s’agit de granulomes tuberculoïdes avec une nécrose caséeuse dans 4 cas et d’un granulome sans nécrose chez 2 malades. L’étude histologique avait concerné des adénopathies cervicales dans 4 cas, du parenchyme pulmonaire et pleural dans respectivement un cas. Devant la négativité des prélèvements bactériologiques et histologiques, le diagnostic de la TBC était retenu sur des éléments de présomption clinicobiologiques et radiologiques chez 28 malades (56 %). Parmi ces patients, 21 malades (75 %) avaient évolués favorablement sous traitement antituberculeux.
Conclusion |
Le pronostic des malades atteints de TBC est étroitement lié à la précocité de la prise en charge et la de mise en route du traitement dans les plus brefs délais. Une démarche basée sur l’analyse du terrain, de la symptomatologie clinicobiologique, la répétition des prélèvements et les nouvelles méthodes diagnostiques est la clé du diagnostic de cette maladie.
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Vol 39 - N° S1
P. A140 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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