Traitement des ulcères de jambe drépanocytaires par la trinitrine - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La drépanocytose est la maladie génétique la plus fréquente en France avec une incidence moyenne en 2010 de 1/2364 naissances. C’est une maladie multisystémique avec des atteintes polymorphes dont la plus parlante est la crise vaso-occlusive. Plusieurs progrès thérapeutiques ont vu le jour avec comme principaux traitement l’hydroxyurée, les échanges transfusionnels, l’allogreffe de moelle et actuellement l’avènement de la thérapie génique. Tous ces progrès ont contribué à diminuer la morbi-mortalité relative à cette affection. Cependant, malgré toutes les avancées thérapeutiques réalisées, le traitement des ulcères de jambe dans la maladie drépanocytaire reste mal codifié. Cette complication garde un impact majeur sur la vie des patients à cause des douleurs chroniques engendrées, qui mettent des mois voire des années pour cicatriser, entraînant une dégradation de la qualité de vie ainsi qu’une désinsertion socioprofessionnelle. Les ulcères de jambe de la drépanocytose sont associés à un profil plus hémolytique. Celui-ci est associé à une diminution de la biodisponibilité de l’oxyde nitrique (NO) altérant la vaso réactivité, favorisant l’activation endothéliale et le développement d’une vasculopathie ischémique.
Matériels et méthodes |
Nous avons mené une étude rétrospective chez les patients drépanocytaires adultes traités dans notre centre entre janvier 2015 et décembre 2017 pour un ulcère de jambe de plus de 1cm2 afin d’évaluer l’efficacité du traitement par trinitrine. Les patients ayant d’autres causes potentielles d’ulcérations (diabète, insuffisance artérielle, maladie systémique, insuffisance veineuse) ont été exclues. Le suivi photographique était réalisé pour tous les patients et analysé à l’aide du logiciel Pictzar lors de chaque pansement, la surface était estimée par le calcul : longueur par largeur. Les pansements étaient réalisés une fois par semaine dans notre centre et 1 jour sur 2 au domicile par une infirmière qui suivait les mêmes instructions. Une pulvérisation de trinitrine à 0,30mg était appliquée lors de chaque soin après avoir retiré la fibrine. Notre critère de jugement principal était la vitesse de cicatrisation (diminution de surface/jours), le critère de jugement secondaire était la durée de cicatrisation. Un test de Mann Withney était utilisé pour la comparaison des médianes.
Résultats |
Dix-sept patients ayant un syndrome drépanocytaire majeur (SDM) dont 16 drépanocytaires SS et 1 drépanocytaire Sβ0-Thalasémique, ont été inclus. Six patients SS (2 hommes et 4 femmes) constituaient le groupe ayant reçu de la trinitrine (TNT) avec une moyenne d’âge de 47 ans. Dix patients SS (1 femme et 9 hommes) et 1 patient Sβ0-Thalassémique n’ont pas reçu de TNT avec une moyenne d’âge de 47 ans. Il n’y avait pas de différence significative (p=0,3) des tailles médianes des ulcères à l’inclusion (5,75cm2 vs 2,4cm2). La médiane des vitesses de cicatrisation dans le groupe TNT était sensiblement plus rapide que dans le groupe contrôle, sans atteindre une significativité statistique (0,11cm2/j vs 0,05cm2/j, p=0,08).
La durée médiane de cicatrisation était de 56jours dans le groupe TNT (mais un patient avait toujours un ulcère actif en fin d’analyse), tandis qu’elle était de de 100jours dans le groupe contrôle.
Conclusion |
Notre étude rétrospective, sur un faible effectif de patients, montre une tendance à l’accélération des vitesses de cicatrisation par l’adjonction de trinitrine lors des soins. Une étude randomisée contrôlée est nécessaire pour confirmer ces premiers résultats. D’autres traitements vasodilatateurs pourraient également être testés suivant une méthodologie similaire.
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Vol 39 - N° S1
P. A181 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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