Dépistage et optimisation de la prise en charge de la dénutrition protéino-énergétique de la personne âgée dans un service de médecine interne - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins de l’organisme. Il s’agit d’une situation rencontrée très fréquemment en médecine puisqu’elle concerne jusqu’à 70 % des patients âgés hospitalisés. Les conséquences de la dénutrition sont nombreuses avec une augmentation des infections, des escarres, des réhospitalisations et l’altération de la qualité de vie. Sa prise en charge a fait l’objet de recommandations de la Haute Autorité de santé, mais celles-ci sont parfois difficiles à mettre en œuvre en pratique. Au vu de ce constat, un programme d’EPP (évaluation des pratiques professionnelles) a été effectué en 2010 dans un service de médecine interne post-urgences avec l’instauration d’une formation spécifique sur la dénutrition destinée à l’ensemble du personnel soignant. L’objectif de cette étude est d’évaluer son efficacité.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude prospective monocentrique. En septembre 2010, les 35 premiers patients de plus de 70 ans hospitalisés au moins 3jours dans notre service ont été inclus. Treize critères de qualité de prise en charge de la dénutrition, définis à partir des recommandations de la HAS, ont été évalués pour ces patients. Dans un second temps, les résultats ont été présentés à l’équipe soignante et une stratégie de prise en charge de la dénutrition, basée sur les critères ci-dessus, a été mise en place dans notre service : des formations étaient effectuées tous les 3 à 6 mois par les médecins et la diététicienne aux internes, externes, infirmières, aides-soignants et agents des services hospitaliers. Une deuxième évaluation de ces 13 critères de qualité a été effectuée 2 ans plus tard, sur 35 nouveaux patients consécutifs. Enfin, afin d’évaluer la pérennisation des pratiques, une troisième évaluation a été effectuée 3 ans plus tard, alors que les formations mises en place avaient été arrêtées du fait d’un déménagement du service.
Résultats |
En septembre 2010 et mars 2012, sur les 35 patients consécutifs inclus, respectivement 7 et 8 ont été exclus, principalement du fait d’une durée moyenne de séjour (DMS) inférieure à 3jours. En avril 2015, 44 patient ont été inclus dont 10 ont été exclus. En 2010, 2012 et 2015, l’âge moyen était respectivement de 81, 83 et 74 ans et la DMS de 12,5, 10,7 et 10jours. En 2010, le dépistage de la dénutrition n’était effectué chez aucun des patients, le poids était évalué à l’entrée pour 42 % des patients et une prise en charge thérapeutique adaptée était mise en place dans seulement 14 % des cas. Ces chiffres se sont très nettement améliorés en 2012 après l’instauration des formations, passant à 85 %, 81 % et 85 % respectivement mais se sont malheureusement dégradés en 2015 suite à l’arrêt des formations, passant respectivement à 41 %, 76 % et 8 %. La fréquence du dosage de l’albuminémie est en revanche restée globalement stable dans le temps, concernant 53 %, 51 % et 61 % des patients respectivement.
Discussion |
Avant la mise en place des formations dédiées, le dépistage et la prise en charge de la dénutrition étaient médiocres dans notre service. Cela s’explique par un manque de formation et de sensibilisation à cette problématique, qui touche à la fois le personnel médical et paramédical. En effet, une prise en charge nutritionnelle adaptée implique l’ensemble des soignants, de la pesée du patient à l’administration des plateaux-repas en passant par la prescription de compléments nutritionnels et la tenue d’une fiche de suivi alimentaire. De ce fait, la réalisation de séances de formations pluridisciplinaires a rencontré un franc succès et permis une nette amélioration des pratiques. Malheureusement, son effet n’a pas été totalement durable dans le temps, ce qui souligne la nécessité d’effectuer des rappels réguliers à tous les soignants afin de maintenir une prise en charge optimale.
Conclusion |
La mise en place de séances de formations spécifiques a permis avec des moyens simples d’améliorer significativement la prise en charge des patients dénutris dans notre service. Malheureusement, son effet n’a pas été durable dans le temps, ce qui souligne la nécessité d’effectuer des rappels réguliers. Au-delà de la prise en charge nutritionnelle, ce type d’EPP permet de fédérer une équipe multidisciplinaire autour d’un projet commun et pourrait servir de modèle à d’autres unités de médecine interne.
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Vol 39 - N° S1
P. A246 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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