Analyse sociodémographique des expositions à des particules inorganiques dans la sclérodermie systémique et la polyarthrite rhumatoïde : une enquête en population générale (n = 2911) croisée avec le suivi de patients en CHU - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
Le projet SILICOSIS (ERC, CEE de Sciences Po) questionne le rôle des particules inorganiques dans la survenue de plusieurs maladies systémiques. L’histoire et la sociologie des sciences montrent que des pistes de réflexion biomédicales ont été durablement écartées sur les risques sanitaires de la silice cristalline, lorsque la définition médicolégale de la silicose a été produite en 1930. Depuis le 11 septembre 2001, le suivi de cohortes de sauveteurs et ouvriers ayant œuvré au déblaiement du site du World Trade Center pointe une atypique incidence de maladies auto-immunes et « sarcoidlike ». Sur ces bases, SILICOSIS a développé un questionnaire conçu pour :
– mesurer l’exposome minéral sur la vie entière, dans des contextes professionnels et extra-professionnels ;
– établir des corrélations entre expositions et survenue de maladies systémiques.
Patients et méthodes |
En 2014 et 2016–2017, ce questionnaire a permis d’interroger 825 puis 2739 personnes grâce à ELIPSSilice, enquête statistique en population générale échantillonnée dans la base du recensement en continu (panel ELIPSS ; INSEE, CDSP de Sciences Po, Équipex DIME-SHS Quanti). La taille de l’échantillon et son tirage permettent un cadrage statistique inédit sur la prévalence des expositions professionnelles et non-professionnelles à des particules inorganiques – en particulier de silice cristalline. Cette enquête, qui applique les méthodes de la survey research forgées en sciences humaines et sociales (SHS) à des problématiques médicales et de santé publique, permet de mobiliser des témoins en population générale, pour les comparer à des patients ayant des maladies chroniques d’étiologie inconnue mais suspectée environnementale.
Résultats |
Nous présenterons la méthode de quantification de ces expositions par un score, et de questionnement des maladies chroniques (sclérodermie systémique [SSc], lupus systémique et autres connectivites, polyarthrite rhumatoïde PR, sarcoïdose, etc.).
(1) On trouve des écarts significatifs (*) d’exposition aux particules inorganiques entre des patients diagnostiqués et des sujets-contrôles échantillonnés dans ELIPSSilice, qui leur sont appariés sur l’âge, le sexe et le statut tabagique. Ces écarts reposent en particulier (pour la sclérodermie systémique [SSc] et la polyarthrite rhumatoïde [PR], voir Tableau 1) sur des surexpositions professionnelles pour les patients. (2) Les scores d’exposition professionnelle des hommes malades sont également significativement plus élevés que ceux des femmes malades dans la SSc et la PR, dont la prévalence concerne par ailleurs les femmes à 70 % environ.
Conclusion |
L’écart significatif des expositions à des particules inorganiques entre « malades » et « non-malades » ne suffit pas à interpréter la survenue des maladies de système comme « causée » par une ou quelques expositions spécifiques, mais ouvre des pistes pour une analyse conjointe médecine-SHS :
– il invite à approfondir l’interrogatoire des patients pour ce qui concerne leurs possibles expositions professionnelles et environnementales ;
– les résultats (malades versus non-malades, hommes versus femmes) seront mis en perspective par l’exploitation des données sociodémographiques d’ELIPSSilice (revenus, conditions d’exposition, etc.).
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Vol 39 - N° S1
P. A59 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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