Évaluation de l’oxygénation tissulaire cérébrale au moyen de la NIRS au cours des échanges transfusionnels chez des patients drépanocytaires atteints d’une vasculopathie cérébrale - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La drépanocytose est une maladie génétique liée à une mutation de la bêta globine, caractérisée par une hémolyse chronique et une dysfonction vasculaire. L’atteinte vasculaire cérébrale sténosante représente une des complications les plus graves, responsable d’accidents vasculaires cérébraux, dont la prévalence se situe entre 4 à 13 % avant 20 ans, avec une fréquence de récidive d’environ 46 %. La localisation préférentielle de ces atteintes concerne les artères carotide interne, cérébrale moyenne et antérieure. La prévention primaire et secondaire des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez l’enfant repose sur la réalisation d’échanges transfusionnels (ET) au long cours avec un objectif d’HbS<30 %. Cependant aucune évaluation n’a été faite à ce jour sur le bénéfice de la perfusion tissulaire cérébrale au cours de l’ET.
Matériels et méthodes |
Nous avons mené une étude prospective pilote, monocentrique, observationnelle, chez des patients drépanocytaires adultes sous protocole d’ET par érythraphérèse. L’évaluation en temps réelle de l’oxygénation tissulaire, pendant toute la procédure, a été effectuée par voie transcutanée au moyen d’un système de spectroscopie dans le proche infrarouge (NIRS). Plusieurs paramètres ont été analysés au niveau musculaire et des deux hémisphères cérébraux :
– quantification de la saturation tissulaire en oxygène (TSI %) ;
– oxyhémoglobine (HbO2) reflet d’une meilleure perfusion cérébrale ;
– désoxyhémoglobine (HHb) ;
– l’hémoglobine totale (HbT).
Résultats |
Vingt et un patients ont été inclus, dont 11 hommes et 10 femmes, avec un âge moyen de 36 ans. Quatorze d’entre eux étaient porteurs d’une vasculopathie cérébrale (8 unilatérales, et 6 bilatérales). La perfusion cérébrale après ET était significativement améliorée, comme le montrait l’augmentation de l’HbO2 (p=0,004) et de l’HbT (p=0,003), sans modification de l’HHb par ailleurs. Au niveau musculaire on notait seulement une augmentation significative de l’HbO2 (p=0,03). De façon intéressante, l’amélioration de la perfusion ne concernait que les hémisphères cérébraux présentant une vasculopathie. Enfin, la saturation tissulaire en oxygène ne différait pas au cours de l’ET.
Conclusion |
Cette étude est la première à démontrer le bénéfice des ET sur la perfusion cérébrale chez les patients drépanocytaires atteints de vasculopathie cérébrale. Ces résultats confirment :
– la faisabilité d’évaluation de la perfusion cérébrale en temps réelle par la NIRS ;
– la nécessité de maintenir un programme transfusionnel par érythraphérèse chez les patients atteints d’une vasculopathie cérébrale. Il serait par la suite intéressant de réaliser des manœuvres respiratoires au cours de la NIRS, afin d’évaluer la réserve vasculaire qui est un marqueur précoce du risque d’hypoperfusion.
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Vol 39 - N° S1
P. A66 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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