Les expériences de possession restent peu étudiées d’un point de vue clinique. L’objectif de ce travail a été d’évaluer les phénomènes psychiques associés à ces expériences lors de pratiques de l’exorcisme. L’étude a été conduite en milieu naturel par des cliniciens (psychiatres, médecin et psychologue) auprès d’un échantillon de sujets de nationalité mexicaine pratiquant des rituels d’exorcisme. Après autorisation des autorités religieuses locales, les évaluateurs ont assisté à des pratiques d’exorcisme réalisées par des prêtres sur 25 sujets ayant donné leur consentement pour l’étude. Les sujets ont été observés par les cliniciens durant tout le rituel. Ils ont été évalués dans les jours qui précédaient le rituel à partir d’entretien clinique et de questionnaires à visée diagnostique (Structural Clinical Interview for DSM [SCID], Brief Psychiatric Rating Scale [BPRS], Global Assessment of Functioning [GAF], Clinical Global Impression [CGI]). Un second entretien et une évaluation à partir de la CGI ont été réalisés après le rituel, à distance d’une heure. Les résultats ont montré la présence de signes et syndromes psychopathologiques lors de l’évaluation initiale : symptômes dissociatifs et troubles de l’axe I ou II du DSM, avec un retentissement modéré sur le fonctionnement global du sujet. Durant le rituel, ont été relevés des états dissociatifs, parfois précédés d’anxiété, tels qu’on les décrit dans les états de transe. Lors de l’évaluation ayant succédé au rituel, les symptômes relevés initialement avaient soit nettement diminué, soit complètement disparu. L’indice de gravité à la CGI était diminué significativement. Ces données permettent de mieux connaître la psychopathologie de ces sujets décrivant des expériences de possession et pratiquant l’exorcisme. Elles en montrent également la complexité diagnostique, notamment du fait de leur composante culturelle. Il reste nécessaire de poursuivre les recherches afin de mieux évaluer ces phénomènes et de comprendre les processus en jeu dans les changements rapportés par les sujets après ces rituels.

Possession experiences remain poorly studied from a clinical viewpoint. The objective of this study was to evaluate psychic phenomena associated with these experiences of practicing exorcism. The study was conducted in natural settings by clinicians (psychiatrists, physicians, and psychologists) with a sample of subjects of Mexican nationality practicing exorcism rituals. After approval of the local religious authorities, evaluators attended exorcism practices performed by priests on 25 subjects who consented to the study. Subjects were observed by clinicians throughout the ritual. They were evaluated in the days preceding the ritual with clinical interviews and questionnaires for diagnostic purposes (Structural Clinical Interview for DSM [SCID], Brief Psychiatric Rating Scale [BPRS], Global Assessment of Functioning [GAF], Clinical Global Impression [CGI]). A second interview and assessment using the CGI was made one hour after the ritual. The results showed the presence of psychopathological syndromes and signs in the initial evaluation: dissociative symptoms and DSM Axis I or II disorders, with a moderate impact on the overall functioning of the subject. During the ritual dissociative states were identified, sometimes preceded by anxiety, such as are described in trance states. Post-ritual evaluation of the symptoms initially identified revealed that these had either significantly reduced or completely disappeared. The CGI severity was significantly decreased. This data allows better understanding of the psychopathology of these subjects describing their possession experiences and exorcism practices. It also shows the diagnostic complexity, in particular due to their cultural component. There remains a need for further research to better assess these phenomena and to understand the processes involved in the changes reported by the subjects after these rituals.