Aphasie transitoire survenue dans les suites d’un abord sous-temporal, illustrant l’évolution des concepts neuroanatomiques fonctionnels du langage humain - 19/07/18
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Résumé |
Introduction |
La conceptualisation neuroanatomique fonctionnelle du langage humain évolue. Des données récentes, provenant notamment de l’imagerie fonctionnelle et d’investigations peropératoires en chirurgie cérébrale éveillée, mettent à l’épreuve le modèle classique de Wernicke-Lichtheim. En alternative, la fonction langagière peut être expliquée à l’aide de réseaux fonctionnels plus flexibles, constitués de voies bidirectionnelles reliant des centres corticaux à complexité variable et dépassant le cadre anatomique des aires de Broca et de Wernicke ainsi que leur « connexion », le faisceau arqué.
Cas clinique |
Une patiente de 44 ans avait bénéficié d’une irradiation crâniocérébrale dans l’enfance pour une leucémie et développé à l’âge adulte des méningiomes intracrâniens, dont un pétroclival. Ce méningiome a été réséqué par voie sous-temporale transtentorielle. Une évaluation neuropsychologique préopératoire n’avait montré que de discrets déficits attentionnels. Sur les trois premiers jours postopératoires, la patiente a développé une aphasie sévère, sémantique et articulatoire, au point d’être quasi mutique. Ce trouble a spontanément régressé sur les semaines suivantes et l’examen neuropsychologique est revenu à l’état préopératoire à un an de l’intervention. L’imagerie postopératoire précoce avait montré, outre la résection macroscopiquement complète du méningiome, une hyperintensité T2 temporobasale à la jonction temporo-occipital, qui a ensuite disparu avec la résolution du trouble phasique.
Discussion |
Ce cas illustre qu’une lésion bien à distance des centres cérébraux du langage classiquement décrits peut provoquer un déficit phasique sévère. L’explication réside en la présence d’un relais cortical (« hub ») temporobasal postérieur connectant les fascicules frontooccipital inférieur (IFOF), longitudinal inférieur (ILF) et supérieur (SLF, comprenant le faisceau arqué). Selon des concepts récents, les deux premiers constituent une voie ventrale du langage avec un rôle prédominant dans l’aspect sémantique du langage et le dernier une voie dorsale impliquée dans l’aspect articulatoire. Une altération fonctionnelle dans le centre cortical qui les relie toutes aura donc comme conséquence, comme dans le cas présent, une suspension large du langage.
Conclusion |
Ce cas illustre donc, d’une part, la réalité de ces nouvelles conceptualisations neuroanatomiques fonctionnelles et le rôle fondamental du relais cortical temporobasal dans le réseau langagier, et d’autre part la pertinence moderne de la confrontation de données lésionnelles aux manifestations cliniques, comme à l’époque de Broca.
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Vol 64 - N° 3
P. 271-272 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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