De la représentation alimentaire de patientes atteintes d’un cancer à la modification de leur alimentation - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
L’annonce d’un cancer engendre très souvent chez le patient la remise en cause de l’hygiène de vie antérieure conduisant à des modifications des habitudes alimentaires (Hugol–Gential, 2015). De plus, une littérature foisonnante autour de l’alimentation-santé et plus spécifiquement de l’alimentation-cancer émerge dans l’espace médiatique au côté d’information officielle en santé publique telle que l’OMS qui souligne que « une mauvaise alimentation est l’un des principaux facteurs de risque pour une série de maladies chroniques ». L’objectif de ce travail était donc de saisir les représentations alimentaires de patientes atteintes d’un cancer et les éventuelles modifications de leur alimentation depuis l’annonce de la maladie.
Matériel et méthodes |
Cette expérimentation a visé plus spécifiquement les femmes, celles-ci étant plus exposées aux discours médiatiques alimentaires et moins épaulées pour assurer la préparation des repas lors de leurs traitements (Mermilliod et Mouquet, 2008). Ainsi, soixante patientes atteintes de cancer (majoritairement cancer du sein) ont été recrutées au sein du Centre de lutte contre le cancer Georges-François-Leclerc de Dijon en janvier 2017. Une tâche de tri libre d’aliments a été effectuée avec chacune d’entre elles sur 30 aliments. Une discussion autour de la classification des aliments et des représentations alimentaires a ensuite eu lieu.
Résultats et analyse statistique |
Six stratégies de tris ont été recensées : en fonction des habitudes dichotomiques ; par catégories d’aliments ; par menu ; selon les caractéristiques santé ; classement hédonique et enfin, classement par fréquence de consommation. De manière générale, la modification des habitudes alimentaires est une notion récurrente suite à l’arrivée du cancer. Le repas se retrouve en tension entre des injonctions médicales, médiatiques, sociales et une réalité physiologique qui se redéfinit avec l’apparition d’effets secondaires tels que la nausée, les modifications sensorielles… Par ailleurs, l’étude révèle la circulation de nombreuses idées reçues autour de l’alimentation avec une réceptivité grandissante pour la sphère non conventionnelle et alternative (Cohen & Legrand, 2011) conduisant à la mise en œuvre de régimes alimentaires spécifiques.
Conclusion |
Les représentations générales du cancer (chimiothérapie, mort, douleur, peur, guérison (enquête EPAC [2000] [1]) impactent la vision de l’alimentation des patientes. D’une manière générale, les patientes semblent avoir une représentation plus médicalisée de l’alimentation que d’ordinaire avec des enjeux de soins sous-jacents importants. Des tensions et des ambivalences se retrouvent unies dans l’acte de manger : entre besoins, contraintes physiologiques, matrices culturelles, sociales et médiatiques nous amenant donc à réfléchir à l’information donnée et à la prise en charge alimentaire des patients.
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Vol 32 - N° 4
P. 266 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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