La spiruline est couramment utilisée comme complément alimentaire chez l’Homme. Sa production et sa consommation sont en augmentation dans le monde. Il existe peu de données sur sa qualité nutritionnelle in vivo, mais sa biodisponibilité, mesurée chez l’Homme par une méthode indirecte, apparaît médiocre (Engelen et al., 2014). L’objectif de cette étude est de quantifier in vivo la digestibilité réelle des protéines et acides aminés de spiruline, et de déterminer si une sonication préalable pour rompre les parois cellulaires peut l’améliorer.

Douze rats Wistar mâles, habitués aux conditions d’animalerie, reçoivent un repas test contenant 0,77g de spiruline, soit 0,41g de protéines, marquée intrinsèquement au ¹⁵N. Les rats sont répartis en deux groupes de 6 : spiruline préalablement soniquée pendant 1,5h ou spiruline non soniquée. Les animaux sont euthanasiés 6h après l’ingestion du repas test et les contenus des différents segments du tractus gastro-intestinal (estomac, intestin grêle, iléon, cæcum, côlon) sont collectés. Afin de déterminer la digestibilité globale des protéines de spiruline, la quantité d’azote et l’enrichissement en ¹⁵N des contenus digestifs sont déterminés par un analyseur élémentaire couplé à un spectromètre de masse à ratio isotopique (EA-IRMS). Les acides aminés sont dosés par HPLC dans le cæcum et leurs enrichissements en ¹⁵N mesurés par chromatographie gazeuse couplé à un four de combustion et à un IRMS (GC-C-IRMS), afin de déterminer leur biodisponibilité. Les résultats sont exprimés en moyennes (± ESM), comparées par un test t (p<0,05).

Trois rats sur 12 n’ont pas consommé la totalité de leur repas test, et ce malgré une habituation préalable, du fait de l’odeur de la spiruline. La quantité d’azote alimentaire dans les différents segments du tractus gastro-intestinal est présentée dans le Tableau 1.

La quantité d’azote ¹⁵N retrouvée dans le cæcum et le côlon est relativement importante, et la sonication ne permet pas de la réduire significativement. En conséquence, la digestibilité réelle oro-fécale des protéines de spiruline est faible (82,1±1,9 %) sans amélioration significative par la sonication (86,6±2,1 %), malgré une tendance. L’acide aminé le moins digestible est la glycine (79,3±1,5 %) et le plus digestible la tyrosine (92,7±0,6 %). La digestibilité des acides aminés indispensables varie de 85,1±1,2 % pour la lysine à 89,6±1,0 % pour la phénylalanine.

Cette étude confirme que la digestibilité oro-fécale de la spiruline est faible et inférieure à celle de protéines testées dans les même conditions (86 et 97 % pour le colza et le lait, respectivement). Nous n’avons pas pu mettre en évidence d’amélioration par la sonication, peut-être du fait d’un manque de puissance. Nous avons aussi mis en évidence que la lysine avait la plus faible biodisponibilité parmi les acides aminés indispensables.