Réinstillation du chyme à domicile de patients insuffisants intestinaux avec double entérostomie temporaire à haut débit : suivi prospectif de 73 patients consécutifs - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Une entérostomie double temporaire à haut débit peut créer une insuffisance intestinale de type 2 (II), dont le traitement de référence est la nutrition parentérale (NP). La réinstillation du chyme (RC) rétablit artificiellement la continuité du grêle, corrige la fonction intestinale et adapte l’intestin d’aval avant la fermeture chirurgicale de la stomie. Dans notre centre, certains patients poursuivent la RC à domicile (RCd).
Matériel et méthodes |
Entre le 01/01/2000 et le 31/12/2016, nous avons créé une pompe portable spécifique, rédigé un « chemin clinique », élaboré une éducation thérapeutique et validé les critères pour débuter la RCd. Ont été exclus les patients en RC iléocolique (n=12), pour fistule « entéro-atmosphérique » (n=43), en refus de poursuivre (n=3), après arrêt de RC pour fistule (n=3) ou sténose (n=1) dans le segment d’aval, pour incontinence anale (n=2). Les patients candidats pour la RCd devaient être volontaires, avoir des ingesta oraux suffisants (>25kcal/kg/24h,>1,2g/kg/j protides), savoir se servir de la pompe, avoir validé notre éducation thérapeutique, être totalement autonomes, y compris pour certains soins de la stomie. Les durées (j) ont été exprimées en médiane±IQ ; l’albuminémie, la citrullinémie, le nutritional risk index (NRI) et les pertes digestives exprimées en moyennes±DS ont été comparées par test de Student pour séries appariées. Le test du X2 est utilisé pour les données non paramétriques. Le seuil de NRI<83,5 définissait un risque de dénutrition sévère.
Résultats et analyse statistique |
Après exclusions, 249 patients ont été traités par RC en hospitalisation, dont 73 (29 %), 48H/25F, 53±15 ans, avec RCd. La RC a débuté 4±2 j après l’admission dans le service. La RC en hospitalisation a duré 24±16 j.
En fin d’hospitalisation, les pertes digestives étaient réduites (60 paires, 2718±1009–321±275mL/24h, p<0,001), la citrulllinémie améliorée (28 paires 18,9±7,8–30,5±13,7μmol/L, p<0,001,>20μmol/L chez 26/30 mesures, 87 %). L’alimentation était exclusivement orale, moulinée, avec des ingesta suffisants (n=71, 37±10kcal/kg/24h, protides 1,54±0,46g/kg/24h). La NP (n=45) a été arrêtée dans tous les cas 1±3 j après le début de la RC, épargnant 4137 j de NP. L’état nutritionnel s’est amélioré : albuminémie (57 paires, 30,6±6,2–35,7±4,7g/L, p<0,001), NRI (50 paires, 83,1±9,4–91,2±8,2, p<0,001). Le nombre de dénutris sévères a diminué de 52 à 18 %, p<0,001.
A domicile, la RCd a duré 41±45 j, max 187j (pour une chimiothérapie), soit 64±32 % du temps total de RC. Neuf patients ont été réhospitalisés une fois (10±20j), 2 l’ont été 2 fois (1 et 1 j pour l’un, 27 et 8 j pour l’autre), sans que cela nécessite l’arrêt de la RC.
Conclusion |
La RC est une technique de nutrition entérale qui corrige l’II des entérostomies doubles temporaires. La NP devient le plus souvent inutile. La RCd est faisable mais n’est actuellement pas prise en charge par l’assurance maladie ni assurée par les PSAD. L’essai prospectif, randomisé, contrôlé et multicentrique FRY cherchera à démontrer la faisabilité de la RC en comparant la RC à la NP, traitement de référence actuel, pour la survenue de complications, la qualité de vie et le ratio coût-efficacité.
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Vol 32 - N° 4
P. 285 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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