Les pratiques d’exclusions alimentaires comme par exemple les régimes excluant les produits animaux, le gluten ou le lactose, semblent gagner en popularité. Les motivations et les caractéristiques sociodémographiques associées à ces pratiques d’exclusions, qu’elles soient simples ou multiples, ont été peu étudiées. Le but de cette étude était de caractériser des profils de pratiques d’exclusions alimentaires et d’identifier les caractéristiques sociodémographiques et les motivations associées à ces pratiques dans une population d’adultes issus de l’étude NutriNet-Santé.

Les données ont été collectées via un questionnaire auto-administré sur Internet portant sur les exclusions alimentaires. Les exclusions potentielles d’aliments étaient recherchées spécifiquement en première partie du questionnaire. Une classification hiérarchique ascendante par clusters a été réalisée à partir de ces réponses pour obtenir des profils de pratiques d’exclusions. La distribution des caractéristiques sociodémographiques en fonction des profils créés a été obtenue par pourcentages ajustés sur toutes les autres caractéristiques sociodémographiques. Les fréquences de motivations d’exclusion principales (allergie ou intolérance alimentaire, bien-être et impact sur la santé à long terme, préoccupations environnementales et éthiques, respect du bien-être animal, goût) ont également été décrites pour chaque cluster.

Cinq profils de pratiques d’exclusions alimentaires ont été identifiés. Le premier correspond à des « pratiques légères d’exclusions », dont la motivation principale est le goût. Ce cluster comporte plus d’hommes (22,2 % vs 16,8 % en moyenne pour les autres clusters) et d’individus ayant un revenu plus élevé (8,6 % vs 6,3 % en moyenne pour les autres clusters). Le deuxième profil est composé en grande partie de végétariens (84 %) avec pour motivation principale le respect du bien-être animal. Le troisième cluster comporte des individus avec des pratiques d’exclusions alimentaires plus larges que le premier profil (20 exclusions en moyenne contre 8 exclusions sur les 83 possibles). Le quatrième comporte des individus pratiquant des exclusions alimentaires multiples pour des préoccupations de santé (19 exclusions en moyenne), avec une plus faible proportion d’homme et une plus forte proportion d’individus plus âgés (77 % âgés de plus de 50 ans). Le dernier profil comporte des individus pratiquant des exclusions larges liées à des allergies alimentaires (4 fois plus d’allergies spécifiques en moyenne que dans les autres clusters), avec plus d’individus vivant en couple, d’individus pratiquant peu d’activité physique ou en surpoids.

Cette étude met en lumière la diversité sociodémographique et motivationnelle de profils de pratiques d’exclusions multiples distincts. Des études complémentaires sur les caractéristiques nutritionnelles des profils, ainsi que leurs associations avec divers évènements de santé permettraient de renforcer les connaissances sur les pratiques d’exclusions alimentaires.