La couleur des peintures paléolithiques sur les parois des grottes a été étudiée principalement de manière qualitative et, plus rarement, sous l'angle de la physique. Notre approche repose sur la réalisation de mesures colorimétriques dans des grottes, au moyen de l'acquisition de spectres de luminance énergétique avec un spectroradiomètre portable pouvant fonctionner sans contact, à plusieurs mètres des murs décorés étudiés, respectant ainsi les contraintes de conservation. La couleur des œuvres pariétales est un élément à prendre en compte pour leur étude archéologique et leur conservation. Mais l'observation est insuffisante, et seule la mesure de la couleur permet de comparer des œuvres éloignées sur des supports rocheux de différentes couleurs et sous diverses conditions de surface.

Cet article présente la méthodologie utilisée et fait le point sur l'expérience acquise dans le cadre du programme de recherche sur la grotte Chauvet. Il tente également de montrer les avantages qu'il y a à prendre des mesures spectroradiométriques sur des œuvres d'art préhistoriques. Cependant, l'étude in situ de leur couleur ne peut se substituer aux analyses chimiques et minéralogiques et à la caractérisation des matériaux, qu'ils soient sous forme d'échantillons ou en place. Son intérêt réside dans sa capacité à détecter des modifications, même minimes, de l'état et de la composition. Notre objectif était donc d'établir des comparaisons entre les entités graphiques afin d'identifier les origines des variations détectées dans leurs signatures optiques. Ces variations peuvent être liées à la nature des matières colorantes, mais également à leur position sur le mur, conséquence des méthodes d'application et parfois aussi des retraits ultérieurs sous l'effet de processus taphonomiques, tels que le ruissellement de l'eau. Les altérations (patines) et les revêtements (notamment les voiles de calcite ou d'argile) ont également été pris en compte dans notre analyse des données. Nous avons donc mené des expériences de calcification de surfaces pour évaluer le cas – assez fréquent dans les grottes – de calcite recouvrant une surface colorée, en dehors de tout autre phénomène d'altération. Les premiers résultats nous amènent à penser qu'il est possible d'identifier la signature d'un voile de calcite sur des matières colorantes données et de présenter des hypothèses sur la nature des matières colorantes recouvertes d'un voile de calcite.

The colour of the Palaeolithic paintings on cave walls has been studied primarily in a qualitative way and, more rarely, from the physical angle. Our approach is based on the production of colorimetric measurements in caves, by means of the acquisition of energy radiance spectra with a portable spectroradiometer that can function without contact, several metres away from the decorated walls being studied, thus respecting the constraints of conservation. The colour of parietal works is an element that needs to be taken into account for their archaeological study and conservation. But observation is insufficient and only the measurement of colour makes it possible to compare distant works on rocky supports with different colourings and surface conditions.

This article shows the methodology used, and it takes stock of the experience acquired in the research programme on the Chauvet Cave. It also attempts to show the benefits of taking spectroradiometric measurements on prehistoric artworks. However, the in-situ study of their colour cannot be a substitute for chemical and mineralogical analyses and the characterization of the materials, either sampled or in place. Its interest lies in its capacity for detecting even minimal changes in condition and composition. So our objective has been to establish comparisons between the graphic entities to identify the origins of the variations detected in their optical signatures. These variations can be linked to the nature of the colouring materials, but also to their position on the wall, a consequence of the application methods and sometimes also of later removals through taphonomic processes such as water run-off. Alterations (patinas) and coverings (notably veils of calcite or clay) have also been taken into account in our analysis of the data. Hence, we carried out experiments in calcification of surfaces to evaluate the case – quite frequent in caves – of calcite covering a coloured surface, outside of any other phenomenon of alteration. The first results lead us assume that it is possible to identify the signature of a veil of calcite on given colouring materials and also to present hypotheses about the nature of colouring materials covered by a veil of calcite.