L’anémie est la manifestation hématologique la plus fréquente au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Peu d’études se sont intéressées aux conséquences de cette anomalie.

Le but de notre étude était d’évaluer la fréquence de l’anémie chez les patients atteints de PR et d’analyser sa relation avec les paramètres d’activité de la maladie.

Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 82 patients atteints de PR selon les critères de l’ACR 1987 et ACR-EULAR 2009.

Les caractéristiques sociodémographiques des patients, les paramètres cliniques et biologiques de la PR ont été collectés. Nous avons réparti les patients en 2 groupes : G1 ayant une anémie et G2 sans anémie. L’anémie a été définie selon l’OMS par un taux d’hémoglobine<12 g/dL pour les femmes et<13 g/dL pour les hommes. Ont été exclus de cette étude les patients qui ont une cause outre que la PR pouvant expliquer l’anémie.

Parmi les 82 patients, 62 (75,6 %) étaient des femmes. L’âge moyen était de 54,23±13,1 ans. La durée moyenne d’évolution de la PR était de 107 mois. Trente-huit patients avaient une anémie (48,1 %) avec un le taux moyen d’hémoglobine de 10,86±1,2 g/dL. Celui dans G2 était de 13,10±1,2 g/dL.

Nous avons trouvé une corrélation négative entre le taux d’hémoglobine et les différents paramètres d’activité de la PR : vitesse de sédimentation (r :−0,310, p=0,007) et DAS28 (r :−0,261, p=0,040) ainsi que le taux de facteur rhumatoïde (r −0,271 : ;p=0,040).

En comparant les deux groupes nous n’avons pas trouvé de différence significative concernant le sexe (sexe ratio G1=0,22), l’âge (54,18 vs 54,73 ans, p=0,858), la durée d’évolution de la PR (94 vs 122 mois, p=0,231), le retentissement fonctionnel (HAQ=1,93 vs 1,25, p=0,195) et l’atteinte structurale (75,67 % vs 84,21 %, p=0,356).

La prévalence de l’anémie au cours de la PR varie entre 30 et 70 % [1Goyal L., Shah P.J., Yadav R.N., Saigal R., Agarwal A., Banerjee S. Anaemia in newly diagnosed patients of rheumatoid arthritis and its correlation with disease activity J Assoc Physicians India 2018 ;  66 : 26

Cliquez ici pour aller à la section Références], dans notre étude elle était estimée à 48,1 %. Elle reflète un niveau élevé d’activité de la maladie.

Des études suggèrent que l’anémie pourrait être un facteur prédictif du risque de progression radiologique [2van Steenbergen H.W., van Nies J.A., van der Helm-van A.H. Anaemia to predict radiographic progression in rheumatoid arthritis Ann Rheum Dis 2013 ;

Cliquez ici pour aller à la section Références] et de l’handicap fonctionnel au cours de la PR, nous n’avons pas pu confirmer ces constations dans notre étude.

L’anémie reste fréquente au cours de la PR, et semble être indépendamment liée à l’activité de la maladie. Un traitement efficace de la maladie de base et de l’inflammation devrait permettre de diminuer significativement la prévalence de cette complication.