Colite ou hépatite immunologiques au cours du traitement par nivolumab et du pembrolizumab pour un mélanome ou un cancer bronchique : un facteur de bon pronostic - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Le nivolumab et le pembrolizumab, deux anti-PD1, peuvent entraîner des effets secondaires immunologiques (irAE), notamment digestifs : colite, hépatite. Notre objectif était de préciser les conséquences pronostiques des irAE digestifs sous nivolumab ou pembrolizumab.
Patients et méthodes |
Cohorte en vie réelle rétrospective de tous les patients consécutifs majeurs ayant reçu nivolumab ou pembrolizumab seul hors essai thérapeutique pour un mélanome ou un carcinome bronchique non à petites cellules (CBNPC), identifiés via le registre exhaustif de la pharmacie. Les patients étaient inclus le jour de la 1re administration d’anti-PD1.
Résultats |
Trois cent onze patients ont été inclus du 15 septembre 2014 au 30 décembre 2016. Parmi eux, 194 patients étaient des hommes (62,4 %), et d’âge médian de 64 ans (de 18 à 89 ans). Les patients étaient atteints de mélanome dans 120 cas (38,6 %), et de CBNPC dans 191 cas (61,4 %) ; 241 (77,5 %) étaient traités par nivolumab, et 70 (22,5 %) par pembrolizumab. Au cours du suivi, d’une durée médiane de 9,7 mois, 166 irAE étaient observés chez 116 patients (37,3 %). Un irAE digestif, défini comme une hépatite ou une colite, était survenu chez 41 patients (13,2 % de la population globale et 35,3 % des patients ayant eu au moins 1 irAE). Parmi ces 41 patients, l’anti-PD1 était le nivolumab dans 32 cas (78,0 %) et le pembrolizumab dans 9 cas (22,0 %). Ces 41 patients étaient atteints de 43 irAE : 38 colites et 5 hépatites. L’irAE était de grade 3–5 dans 11 cas (26,8 %), traité par corticothérapie dans 18 cas (43,9 %) (dont tous les cas d’hépatite) et amenait à l’arrêt de l’anti-PD1 dans 15 cas (36,6 %). Une seule patiente atteinte d’une colite recevait un traitement immunosuppresseur non corticoïde : de l’infliximab. En analyse univariée, la survenue d’un irAE digestif était significativement associée à la survie globale (p=0,001) et à la survie sans progression (p=0,001). En analyse multivariée, la survenue d’un irAE digestif n’était pas significativement associée ni à la survie globale, ni à la survie sans progression. Le taux de réponse tumorale objective était plus élevé chez les patients atteints d’au moins un irAE digestif, comparativement aux patients n’ayant expérimenté aucun irAE ou un irAE autre que digestif (43,9 % vs 26,6 %, p<0,05).
Discussion |
Notre étude est, à notre connaissance, la première à décrire une association entre un irAE digestif et le taux de réponse. Le microbiote fécal pourrait jouer un rôle dans cette association : sa composition a été associée à l’efficacité antitumorale de l’immunothérapie, à la survenue d’irAE sous ipilimumab. Des modifications de sa composition ont également été décrites chez des patients atteints de maladies auto-immunes.
Conclusion |
La survenue d’un irAE de type colite ou hépatite améliore la réponse antitumorale au cours du traitement par nivolumab et du pembrolizumab pour un mélanome ou un cancer bronchique. Cette association, si elle est confirmée dans d’autres études, pourrait être un élément important dans la discussion autour de la prise en charge d’un patient atteint de cancer et chez lequel un irAE digestif est survenu sous anti-PD1, en particulier si l’irAE est grave ou nécessite l’arrêt de l’anti-PD1.
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Vol 39 - N° S2
P. A199-A200 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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