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Manifestations systémiques compliquant une intoxication par les métaux liée à la dégradation d’une prothèse de hanche, étude d’un cas - 28/11/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.10.190 
M. Grenouillet 1, , M. Labadie 2, S. Vergnet 3, E. Lazaro 1, J.L. Pellegrin 1, J.F. Viallard 1
1 Médecine interne, CHU de Bordeaux, Bordeaux 
2 Centre antipoison, hôpital Pellegrin, Bordeaux 
3 Neurologie, hôpital Pellegrin, Bordeaux 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le port de prothèse articulaire peut se compliquer d’intoxication aux métaux lourds secondaire à leur usure [1].

Observation

Une femme de 69 ans est prise en charge pour le remplacement d’une prothèse de hanche gauche composée de céramique et d’alumine en faveur d’une prothèse constituée de métaux (chrome, cobalt et molybdène), en raison d’une instabilité.

Au cours de l’année suivante, la patiente consulte à trois reprises pour douleurs en rapport avec des luxations de la hanche gauche. La réduction est réalisée chaque fois sans difficulté. Au décours du troisième épisode, elle présente une sciatalgie.

Elle est hospitalisée six mois plus tard pour une altération de l’état général. Elle boîte et se plaint de douleurs majeures de la hanche gauche. Une collection est palpable en regard de l’articulation. Il existe, de façon bilatérale, une cécité par œdème papillaire et une surdité de perception. Elle développe également une confusion et des troubles cognitifs en faveur d’une encéphalopathie.

L’échographie articulaire met en évidence une collection autour de la prothèse de hanche gauche. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) révèle des lésions au niveau des os, des articulations, du matériel prothétique et une volumineuse collection affectant les tissus musculaires adjacents.

Au cours de la ponction de la collection, un liquide noirâtre est prélevé. Outre la recherche d’agents infectieux, des dosages des métaux composant la prothèse sont réalisés. Le liquide est stérile. Les concentrations des métaux sont élevées dans le liquide de ponction de la collection, mais aussi dans le sérum et les urines. Le diagnostic d’intoxication aux métaux liée à une dégradation du matériel prothétique est retenu. Le centre antipoison propose la dépose immédiate de la prothèse et une chélation intraveineuse.

Au cours de la chirurgie, la tête de la prothèse présente une usure importante avec une perte de 18 g de métal. Une collection de 500ml d’un liquide noirâtre est extraite.

L’évolution postopératoire est marquée par l’aggravation de l’encéphalopathie toxique probablement favorisée par la diffusion des métaux au cours de la prise en charge chirurgicale.

La ponction lombaire révèle la présence de métaux dans le liquide céphalorachidien et l’IRM cérébrale des anomalies des noyaux gris. La chélation est débutée.

Six mois après la dépose de la prothèse, deux perfusions de chélateurs ont été réalisées en milieu hospitalier. La patiente a repris 13kg. La surdité est en régression. Les troubles de l’acuité visuelle s’améliorent peu. Les troubles cognitifs diminuent mais persistent a minima, de même que les anomalies de l’IRM cérébrale.

La chélation dont le bénéfice est favorable est poursuivie.

Conclusion

Outre les risques d’infection, de perforation ou de malposition, il existe d’autres complications liées aux dispositifs médicaux métalliques implantables. L’intoxication aux métaux lourds peut se traduire par des manifestations systémiques. La collaboration avec les toxicologues est essentielle pour l’optimisation de la prise en charge globale de ces métalloses.

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Vol 39 - N° S2

P. A201 - décembre 2018 Retour au numéro
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