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Prise en charge thérapeutique des manifestations inflammatoires associées aux syndromes myélodysplasiques : à propos d’une cohorte de 89 patients - 28/11/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.10.273 
J. Seguier 1, , V. Gelsi-Boyer 2, M. Ebbo 1, A. Charbonnier 3, N. Vey 3, J. Durand 1, J. Harlé 1, N. Schleinitz 1
1 Medecine interne, AP-HM, Marseille 05, Provence-Alpes-Côte d’Azur, France 
2 Laboratoire de bio pathologie, Institut Paoli-Calmettes, Marseille 
3 Hématologie, Institut Paoli-Calmettes, Marseille 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les manifestations inflammatoires ou auto-immunes (MAI) concernent 10 à 28 % des patients présentant un syndrome myélodysplasique [1]. La prise en charge thérapeutique de ces patients doit notamment tenir compte des cytopénies et des risques infectieux sous-jacents.

Nous avons mené une étude rétrospective régionale afin de décrire les traitements utilisés sur ces MAI associées aux SMD (SMD/MAI+).

Patients et méthodes

Nous avons recueilli rétrospectivement les données clinicobiologiques des patients SMD/MAI+ pris en charge dans deux centres régionaux (médecine interne et onco-hématologie). Les critères d’inclusion étaient : diagnostic de SMD ou LMMC selon les classifications OMS 2016 ou précédentes entre 2004 et avril 2016, présence de manifestations inflammatoires. Les patients ayant reçu auparavant un traitement immunosuppresseur étaient exclus. Les différentes lignes thérapeutiques étaient recueillies, ainsi que leur efficacité. La réponse au traitement de la MAI était évaluée par le clinicien, basée sur l’examen clinique du patient, les paramètres biologiques/l’imagerie. La cortico-dépendance était définie par une récidive des symptômes et/ou aggravation des paramètres biologiques à la diminution de la posologie de corticoïdes, justifiant une corticothérapie au long cours.

Résultats

Parmi 801 patients SMD analysés, 89 ont présenté une MAI au cours du suivi soit 11 % des patients. Les MAI associées étaient : les rhumatismes inflammatoires (25 %), le plus souvent séro-négatifs, les cytopénies et troubles de l’hémostase (17 %), les dermatoses neutrophiliques ou non (12 %), les vascularites (12 %) et les polychondrites atrophiantes (7 %). L’âge moyen des patients était de 68,9+- 1,2 ans. 80 % présentaient un SMD de bas grade IPSS. Le suivi médian était de 3,7 ans.

76 patients (88 %) étaient traités en 1ère intention.

La corticothérapie était utilisée pour 70 % d’entre eux (n=53) avec un taux de réponse de 86 % et 69 % de cortico-dépendance. Les autres thérapeutiques les plus utilisées en 1èreintention étaient les immunoglobulines (n=5), la colchicine (n=4,), le methotrexate (n=2) et les anti-paludéens de synthèse (n=2).

34 % bénéficiaient d’une 2ème ligne thérapeutique (n=29) : methotrexate (n=5) corticothérapie (n=4), immunoglobulines (n=4), colchicine (n=3), rituximab (n=3), disulone (n=2), cyclophosphamide, adalimumab, salazopyrine ou aspirine (n=1).

En 3ème ligne (13 % des patients, n=11) : mycophenolate mofetil et rituximab (n=2), cyclophosphamide, leflunomide, methotrexate, ciclosporine, mercaptopurine, tocilizumab ou échanges plasmatiques (n=1).

En 4ème ligne (10 % des patients, n=9) : ciclosporine, rituximab et anakinra (n=2), mycophenolate mofetil, salazopyrine ou azathioprine (n=1).

En 5ème ligne (6 % des patients, n=5) : anti-paludéens de synthèse (n=2), methotrexate, rituximab ou basiliximab (n=1).

Un patient bénéficiait de cyclophosphamide en 6ème ligne thérapeutique.

La corticothérapie était le traitement le plus utilisé pour la prise en charge des rhumatismes inflammatoires (14/20 patients, 6 corticodépendants), des vascularites systémiques (10/10 patients, efficace chez 9/10, 8/9 corticodépendants), des myosites (3/3 patients, efficace chez 2/3, cortico-dépendance chez 2/2), des syndromes de Sweet (5/7 patients), des polychondrites atrophiantes (5/6 patients, efficace chez 4/5, 4/4 corticodépendants), des PTI (6/10 patients) et des AHAI (2/4 patients).

9 patients étaient traités avec au moins 1 biothérapie (soit 13 biothérapies au total) : rituximab (n=8), anakinra (n=2), anti-TNF-alpha (n=1, adalimumab), tocilizumab (n=1) et basiliximab (n=1).

Conclusion

Les MAI associées aux SMD sont sévères, nécessitant dans 88 % des cas une prise en charge thérapeutique. Celle-ci diffère peu de la prise en charge conventionnelle non associée à une pathologie hématologique, avec une corticothérapie en 1ère intention. Cependant, la cortico-dépendance semble plus importante, justifiant un nombre élevé de lignes thérapeutiques pour beaucoup de patients (10 % vont bénéficier de 4 lignes thérapeutiques ou plus). Une surveillance particulière de la numération est nécessaire devant la cytotoxicité de certains traitements. Les biothérapies seraient une option prometteuse [2]. Les nouvelles thérapeutiques devront être actives à la fois sur la MAI et le SMD.

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