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Étude de comparaison de deux cohortes de patients algériens et caucasiens atteints de sclérodermie systémique - 28/11/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.10.282 
N. Benmostefa 1, , B. Chaigne 2, B. Dunogué 3, F.Z. Boussekine 4, H. Khebbat 4, S. Slimani 5, B. Terrier 6, S. Rouabehia 7, D. Roula 8, A. Régent 3, L. Mouthon 9, R. Malek 4
1 Médecine Interne, CHU Sétif, Sétif, Algérie 
2 Département infection, immunologie et inflammation, Institut Cochin, Paris 
3 Centre de référence des maladies auto-immunes et systémiques rares, hôpital Cochin, AP-HP, Paris 
4 Médecine interne, CHU Saadna Abdenour de Sétif, Sétif, Algérie 
5 Rhumatologie, Université de Batna 2, Batna, Algérie 
6 Médecine interne, hôpital Cochin, Paris 
7 Médecine interne, Université de Batna 2, Batna, Algérie 
8 Médecine interne, Université Salah Boubnider Constantine 3, La Nouvelle Ville Ali Mendjeli, Algérie 
9 Centre de référence maladies auto-immunes et systémiques rares, Service de médecine interne, hôpital Cochin, AP-HP, Paris 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Dans le but d’étudier les particularités de la population algérienne atteinte de sclérodermie systémique (ScS) nous avons mené une étude comparative de deux cohortes de patients ScS algériens et caucasiens.

Matériels et méthodes

Nous avons colligé de façon prospective une cohorte de 100 patients Algériens vivant en Algérie à Sétif, Constantine ou Batna entre janvier 2015 et décembre 2016 et 100 patients caucasiens vivant en France et pris en charge dans le service de médecine interne de Cochin à Paris de novembre 2016 à juillet 2017. Tous les patients inclus remplissaient les critères de l’American College of Rheumatology/European League Against Rheumatism. Nous avons comparé les données épidémiologiques, les caractéristiques cliniques de la maladie le bilan immunologique ainsi que les traitements prescrits. Le handicap de la main a été évalué en utilisant l’échelle de la main de Cochin, le handicap global mesuré par le Health Assessment Questionnaire (HAQ) et le degré d’anxiété et de dépression par le Hospital Anxiety and Depression scale (HAD).

Résultats

Le sexe féminin était prédominant dans les deux groupes 88 % chez les français et 83 % pour les algériens (p=0,42). La population caucasienne était plus âgée que la population algérienne (57,01±15,22 vs 46,67±12,30 ans, p=0,02), avait une durée d’évolution de la ScS plus longue (10,43±9,14 vs 6,54±6,23 ans, p<0,001), un délai diagnostic de maladie plus réduit (1,72±4,80 vs 3,18±4,85 ans, p=0,001) et les patients consommaient plus de tabac à fumer (44 % vs 2 %, p<0,001) alors que les algériens avaient plus fréquemment une hypertension artérielle (HTA) (26,3 % vs 13 %, p=0,02). A noter qu’il y avait plus d’association au cancer chez les caucasiens que les algériens (10 vs 1 cas, p<0,01). Treize pour cent des patients algériens avaient une silicose associée contre 3 % seulement dans le groupe caucasien (p=0,01).

Il y avait un peu plus de formes diffuses (41 vs 34 %) que de formes limitées (59 vs 66 %) chez les patients algériens sans différence significative. Les ulcères digitaux étaient plus fréquents dans la cohorte algérienne (25 vs 13 %, p=0,04), ce pour les deux type (ischémique et mécanique). Le score de Rodnan modifié était plus élevé dans la population algérienne que dans la population caucasienne (10,06±9,60 vs 7,02±8,25), (p=0, 005) par contre il y avait plus de doigts boudinés (32 vs 12 %, p<0,001) et de calcinoses (26 vs 14 %, p=0,05) dans la série caucasienne. Les manifestations digestives (80 vs 35 % pour l’atteinte œsophagienne, p <0,001) et les d’arthromyalgies survenaient plus fréquemment dans le groupe de patients algériens (p<0,05). Une capacité vitale forcée (CVF) ˂ 70 % était plus fréquente chez les patients sclérodermiques algériens (p<0,001), mais cette différence n’existait pas pour la pneumopathie interstitielle diffuse à la TDM thoracique. On trouvait plus d’Ac anti-Scl 70 (43,42 vs 27 %) et moins d’Ac anti-centromère (30,26 vs 50 %) chez les patients algériens (p<0,05).

Les patients sclérodermiques algériens ont un handicap global plus important HAQ : 1,04±0,80 vs 0,81±0,74, p=0,017 et sont plus anxieux (8,46±4,20 vs 7,14±4,17, p= 0,005) et plus déprimés (9,30±4,67 vs 5,63±4,18, p<0, 01) que les caucasiens. Concernant les différents traitements utilisés, en raison de non disponibilité de l’Ilomédine aucun des patients algériens n’a pu en bénéficier contre 6 patients en France (p=0,02). Les Prokinétiques étaient plus utilisés en France qu’en Algérie ainsi que le Mycophénolate Mofétil et le Méthotrexate. Pour les inhibiteurs calciques, le Bosentan, le Sildénafil, les corticoïdes et les inhibiteurs de la pompe à protons, il n’y avait pas de différence de prescription. La kinésithérapie était plus fréquemment prescrite dans la population caucasienne française (passée 47 vs 15 %, p<0,001ou en cours 20 vs 8 %, p=0, 02). Le nombre de décès était comparable dans les deux groupes (8 algériens vs 2 caucasiens, p= 0,10).

Conclusion

La population algérienne de patients sclérodermiques était plus jeune, avait une durée d’évolution plus courte, un délai diagnostic plus long que la population des patients français. Dans le but d’améliorer la prise en charge des patients algériens avec ScS, des efforts supplémentaires sont nécessaires.

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Vol 39 - N° S2

P. A41 - décembre 2018 Retour au numéro
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