Trajectoires des paramètres vitaux et des tests biologiques usuels au cours de la crise vaso-occlusive non compliquée : étude d’une cohorte rétrospective de patients drépanocytaires hospitalisés - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
L’hospitalisation des patients drépanocytaires présentant une crise vaso-occlusive (CVO) se justifie par des douleurs résistantes aux antalgiques usuels et/ou par la survenue d’une complication, telle qu’une infection ou un syndrome thoracique aigu. Le diagnostic de CVO est établi cliniquement, mais peut devenir difficile dans certains cas notamment lorsqu’il existe une addiction à la morphine. Il existe de fréquentes perturbations des paramètres vitaux et des tests biologiques usuels par rapport à leurs valeurs habituelles chez le sujet drépanocytaire en situation stable mais l’évolution « normale » de ces paramètres au cours d’une CVO n’est pas établie.
Patients et méthodes |
Dans cette étude observationnelle rétrospective, nous décrivons la trajectoire des valeurs des paramètres vitaux et biologiques utilisés en routine, au cours d’un séjour hospitalier dans le cadre d’une CVO non-compliquée. Nous avons inclus 329 admissions pour CVO non-compliquée de 164 patients drépanocytaires, hospitalisés entre 2010 et 2015 dans le service de médecine interne de l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris. Nous avons exclu les séjours correspondant à une CVO compliquée (notamment par un syndrome thoracique aigu ou une infection), ou de durée supérieure à 8jours (>90e percentile de la durée de tous les séjours pour CVO). Nous avons utilisé une nouvelle méthode statistique pour étudier les variables dépendantes du temps, extraites de l’entrepôt de données cliniques de l’hôpital. Nous avons pu identifier les marqueurs biologiques ayant des tendances spécifiques au cours de la CVO, notamment l’hémoglobine, les leucocytes (et en particulier les polynucléaires neutrophiles et éosinophiles) et la CRP.
Résultats |
Le taux d’hémoglobine baissait rapidement après l’admission puis diminuait très lentement sans revenir, avant la sortie, au taux de base du patient. Par ailleurs, une chute de taux d’hémoglobine au cours l’hospitalisation était prédictive d’une réadmission précoce (c’est à dire dans les 30jours après la sortie). Le taux de leucocytes et en particulier de polynucléaires neutrophiles s’élevaient dans les 24 premières heures et revenait à la normale durant le séjour. Le taux polynucléaires éosinophiles augmentait jusqu’au 5e jour puis diminuait en dessous de la valeur d’entrée. La CRP était normale à l’admission pour 55 % des séjours mais devenait pathologique (>5mg/L) dans les 48 premières heures dans 95 % des cas. Pour 95 % des séjours, la CRP était<100mg/L pendant les 24 premières heures, tandis que la température ne dépassait pas 38°C pendant toute la durée de l’hospitalisation. Ces résultats suggèrent qu’une CRP>100mg/L à l’admission ou qu’une fièvre pendant le séjour aient peu de chance de pouvoir être attribuées à la CVO elle-même.
Conclusion |
Bien que les paramètres sanguins usuels d’hémolyse et d’inflammation suivent une trajectoire caractéristique au cours d’une hospitalisation pour CVO simple, aucun de ces marqueurs biologiques n’est suffisamment sensible ou spécifique pour infirmer ou affirmer le diagnostic de CVO, ni pour exclure ou affirmer la présence d’une complication. L’évaluation globale du patient, à travers l’expertise clinique, reste donc essentielle dans la prise en charge hospitalière d’une CVO.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 39 - N° S2
P. A56 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?