Facteurs associés à la fatigue au cours du lupus érythémateux systémique dans une étude prospective multicentrique française - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Cette étude avait pour objectif d’étudier les facteurs associés à la fatigue chez des patients atteints de lupus érythémateux systémique (LES) français à l’aide de 3 questionnaires de fatigue différents.
Patients et méthodes |
Nous avons conduit une étude de cohorte prospective multicentrique et recruté des patients dans 10 hôpitaux français entre 2010 et 2014. À partir des données recueillies lors du suivi de 336 patients nous avons analysé les données de 3 questionnaires auto-administrés de fatigue : le domaine fatigue du questionnaire spécifique LupusQoL, le domaine vitalité du questionnaire générique SF-36 et le questionnaire générique de fatigue MFI-20. Les données démographiques, socioprofessionnelles et cliniques en rapport avec le LES étaient recueillies à l’inclusion. La précarité était mesurée par le questionnaire EPICES et la dépression par le questionnaire CES-D. Les poussées du lupus étaient mesurées par le SELENA-SLEDAI Flare Index-Revised (SFI-R). Les analyses multivariées, sans et avec ajout du facteur dépression, ont porté sur les variables significatives en analyse bivariée. Les scores de fatigue utilisés variaient de 100 (pas de fatigue) à 0 (plus forte fatigue imaginable) pour les 2 premiers questionnaires et inversement pour le questionnaire MFI-20.
Résultats |
Trois-cent trente-six patients ont été inclus dont 302 (90 %) femmes. L’âge moyen±DS (déviation standard) était de 41±12 ans, la durée d’évolution du LES de 12±9 ans, l’IMC était de 24,4±5,1kg/m2. 114 (34 %) patients avaient un niveau d’étude inférieur au baccalauréat, 103 (31 %) étaient sans emploi et 64 (19 %) étaient en situation de précarité selon le score EPICES. Selon le score CES-D, 99 (29 %) patients présentaient un état dépressif avéré. Le score de séquelles SLICC/ACR-DI (SDI) était de 1±1. Les scores de fatigue moyens étaient à 66±25 pour le LupusQoL et 46±21 pour le SF-36. Concernant les domaines du MFI-20, la fatigue était mesurée à 50±26 pour le domaine fatigue générale/physique (GPF), 35±26 pour le domaine fatigue mentale (MF), 31±28 pour le domaine réduction des activités (RA) et 27±27 pour le domaine réduction de la motivation (RM) du MFI-20. Les facteurs associés à une fatigue plus importante en analyse bivariée et dans les 6 domaines des questionnaires utilisés étaient : la précarité, le niveau d’étude bas, le statut sans emploi et un état dépressif avéré. Les autres variables significativement associées à des scores de fatigue élevés selon le questionnaire utilisé étaient : le sexe féminin, l’âge≥40 ans, le tabagisme actif, l’obésité, une poussée clinique ostéoarticulaire, neurologique ou avec des signes généraux, le SDI≥1 et la prise de corticoïdes≥10mg/j. L’analyse multivariée, sans inclusion de la dépression identifiait la précarité comme facteur significativement associé à la fatigue dans les 6 questionnaires utilisés. Les autres facteurs significativement associés aux scores élevés de fatigue étaient le sexe féminin, l’absence d’emploi, l’obésité et les poussées dans les systèmes ostéoarticulaire et neuropsychiatrique du SFI-R. L’analyse multivariée, en incluant la dépression retrouvait celle-ci comme facteur significativement associé à la fatigue dans tous les questionnaires. La précarité n’était plus significativement associée à la fatigue que dans 2 questionnaires. L’absence d’emploi, l’obésité, les poussées dans les systèmes ostéoarticulaire et neuropsychiatrique du SFI-R restaient significativement associés à la fatigue selon le questionnaire utilisé mais il existait des différences entre les 2 analyses en nombre de questionnaires significativement associés à la fatigue.
Conclusion |
Les facteurs associés à la fatigue dans le LES sont multiples et sujets à de grandes variations selon les questionnaires et la méthodologie employée, comme en témoigne la littérature. L’utilisation de questionnaires de fatigue multidimensionnels semble permettre une analyse plus fine de ces facteurs dans le cadre d’études épidémiologiques, mais le choix du questionnaire doit être guidé par les objectifs de l’étude. Dans le cadre de notre travail les facteurs associés à la fatigue dans le LES sont sociodémographiques : le sexe féminin ; socioprofessionnels : la précarité et l’absence d’emploi ; certaines comorbidités : la dépression et l’obésité ; des facteurs spécifiques du LES : les poussées ostéoarticulaire et neuropsychiatrique selon le SFI-R. L’effet de la précarité sur la fatigue pourrait être due à la plus forte intensité des symptômes dépressifs chez les patients précaires. La mise en place de stratégies interventionnelles visant à corriger les facteurs identifiés comme étant associée à la fatigue chez les patients atteints de LES et l’évaluation de leur efficacité devrait être l’objectif de prochaines études.
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Vol 39 - N° S2
P. A60-A61 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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