Evaluation de l’antibiothérapie dans les bactériémies : étude monocentrique - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Le choix du traitement antibiotique probabiliste (TAP) des bactériémies, dont l’incidence et la mortalité sont majeures, est compliqué du fait de l’augmentation du profil de résistances des bactéries. Un TAP inadapté augmente la mortalité et le risque de récidive. L’impact bénéfique de l’équipe mobile d’infectiologie sur la prise en charge des bactériémies a déjà été démontré. Il n’existe pas de recommandations nationales ou internationales de leur prise en charge, ne permettant pas de protocolisation.
Objectif |
Estimer l’incidence des bactériémies dans les services d’hospitalisation de médecine adulte du Centre hospitalier d’Avignon (CHA), et évaluer la qualité des prescriptions des traitements antibiotiques orientés puis documentés de ces bactériémies.
Patients et méthodes |
Etude descriptive, longitudinale, rétrospective, monocentrique, de type audit clinique de prescription. Étaient inclus tous les patients présentant une bactériémie incidente entre le 1er octobre 2016 et le 31 décembre 2016, hospitalisés dans un service de médecine adulte, de court ou moyen séjour, hors hospitalisation de jour ou dialyse, du CHA. Étaient exclus les patients relevant d’une prise en charge palliative, perdus de vue avant la 24e heure post-identification de l’antibiogramme complet, les fongémies, et les patients pour lesquels il existait des données manquantes ne permettant pas d’évaluer la conformité de l’antibiothérapie. Étaient relevés : les informations du laboratoire de microbiologie, les comorbidités, l’origine communautaire ou associée aux soins de l’infection, le site de l’infection, l’intervention de l’équipe d’infectiologie. L’antibiothérapie probabiliste (ATB1) était introduite dans les 24heures suivant la réalisation de l’hémoculture, l’antibiothérapie orientée par l’examen direct (ATB2) était définie comme mise en place dans les 24heures suivant l’appel du laboratoire de microbiologie précisant l’examen direct, et l’antibiothérapie documentée (ATB3) était mise en place dans les 24heures suivant l’obtention de l’antibiogramme final. Les ATB2 et ATB3 étaient évalués par deux infectiologues référents selon les règles de bon usage.
Résultats |
Parmi 147 bactériémies incidentes pour 8196 patients hospitalisés, 111 patients ont été étudiés, d’âge médian 77 ans, avec 54 (48 %) femmes, 126 bactéries étaient isolées dont 12 (11 %) de type bactérie multirésistante. L’infection était liée aux soins dans 42,5 %. Etaient principalement représentées les infections urinaires (23,4 %), les infections liées à un cathéter (19,8 %) et les bactériémies d’origine indéterminée (13,5 %). Un conseil antibiotique était donné pour 38,1 % des patients et survenait à 3,1jours après réception de l’examen direct. Globalement, les ATB2 et ATB3 étaient respectivement conformes dans 25/106 cas (23,6 %) et 26/107 cas (24,3 %). Une contamination sur 15 a été traitée comme une bactériémie d’origine indéterminée, à tort.
Conclusion |
Cette étude a montré que les bactériémies étaient fréquentes sur le CHA, et leur traitement non conforme. Le conseil antibiotique était sollicité trop tardivement. Une intervention systématique de l’équipe mobile d’infectiologie sur les bactériémies serait intéressante en termes d’efficacité de traitement. La mise en place d’un circuit direct d’information entre le laboratoire de microbiologie et l’équipe des infectiologues permettrait une optimisation du traitement initial des bactériémies comme cela a pu être démontré. Ce conseil antibiotique systématique nécessite une réorganisation ou une mise en adéquation du temps médical dédié de cette équipe mobile. La répétition de cette étude dans le temps permettra d’évaluer les modifications organisationnelles engagées.
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Vol 39 - N° S2
P. A87 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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