S'abonner

Syndrome d’Asperger et théorie de l’esprit    - 09/04/08

Doi : ENC-9-2007-33-4-C1-0013-7006-101019-200730047 

H. Duverger [1],

D. DaFonseca [1 et 2],

D. Bailly [1],

C. Deruelle [2]

Voir les affiliations

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

pages 6
Iconographies 0
Vidéos 0
Autres 0

Introduction – Selon de nombreux auteurs, l’altération des interactions sociales chez les enfants présentant un trouble du spectre autistique serait liée à un déficit de la théorie de l’esprit. La théorie de l’esprit est décrite comme l’aptitude de chacun à prédire ou expliquer le comportement de nos semblables en leur attribuant des croyances, des souhaits ou des intentions. De nombreuses études ont démontré que les enfants souffrant d’un syndrome d’Asperger ou d’un autisme de haut niveau réussissent les épreuves testant les fausses croyances de premier ordre aussi bien que les sujets contrôles. En revanche, pour les épreuves de fausses croyances du deuxième ordre, les résultats sont plus controversés. Pour avancer dans la compréhension de cette compétence, plusieurs auteurs ont élaboré des épreuves de théorie de l’esprit plus complexes et ont montré que les sujets Asperger ou autistes de haut niveau ne parvenaient pas à réaliser ces tâches. Mais la plupart de ces épreuves n’ont été réalisées que chez les adultes. L’objet de cette étude était d’évaluer les capacités d’enfants et d’adolescents Asperger ou autistes de haut niveau à attribuer des intentions à autrui en utilisant une épreuve complexe basée sur la compréhension de bandes dessinées. Les mêmes enfants étaient également engagés dans une épreuve de fausses croyances classiquement utilisée : la tâche des Smarties. Méthode – Deux groupes d’enfants ont participé à cette étude : un groupe de 16 enfants porteurs d’un syndrome Asperger ou autisme de haut niveau et un groupe de 16 enfants contrôles appariés sur l’âge et le sexe. L’épreuve proposée comportait 26 bandes dessinées racontant une histoire courte. Pour chaque histoire, le sujet devait choisir parmi 3 images celle qui représentait la suite plausible de l’histoire. Dans la condition Attribution d’intention, l’histoire impliquait un personnage dont le sujet devait comprendre les intentions pour pouvoir donner la réponse correcte. Dans la condition Causalité physique, le sujet devait comprendre le déroulement physique d’un événement. Résultats – Tâche bande dessinée : une analyse de variance [2 groupes (CONT/ASD) × 2 conditions (AI/CP)] a été conduite sur le nombre de réponses correctes. Cette analyse montre que l’interaction Groupe × Condition est significative [F(1-30) = 4,3, p ≪ 0,05]. Chez les sujets Asperger, les scores sont significativement plus élevés dans la condition CP(M = 10,8, SD = 2,5) que dans la condition AI(M = 9,8, SD = 2,01), [F(1-15) = 2,9, p ≪ 0,001], alors que chez les sujets contrôles, les performances sont identiques dans les deux conditions. Tâche des Smarties : tous les sujets Asperger ou autistes de haut niveau ont réussi. Discussion – Les résultats de cette étude montrent clairement que les enfants souffrant du syndrome d’Asperger ou d’autisme de haut niveau présentent un déficit sélectif pour interpréter les intentions d’autrui. En effet, dans l’épreuve des bandes dessinées, ces patients ont des difficultés pour trouver la suite logique d’une histoire lorsque cette dernière implique des attributions d’intention. Notre étude démontre aussi que si les sujets Asperger échouent lors de l’épreuve testant la théorie de l’esprit à l’aide de bandes dessinées, ils réussissent l’épreuve de la théorie de l’esprit basée sur les fausses croyances (Smarties). Même s’il s’agit de deux épreuves testant la théorie de l’esprit, il semble que ces deux tests sont bien distincts. Il est possible que ce soit la modalité verbale du test qui explique la meilleure réussite au test des Smarties par rapport au test des bandes dessinées où les modalités de présentation sont uniquement visuelles.

Theory of mind in Asperger syndrome

Introduction – Theory of mind deficit can be used to explain social and communication impairments that define the autism spectrum disorder. Theory of mind is the ability to attribute mental states to self and others in order to understand and predict behavior. It involves the distinction between the real world and mental representations of the world. Several studies established that high functioning autistic individuals and individuals with Asperger syndrome (ASP) tend to be as proficient as controls in understanding first order false belief tasks. In contrast, they still lag behind their typical peers in understanding second order false belief tasks or more advanced tasks of theory of mind (e.g., Baron-Cohen, 1993). Most of these studies focus on the adult population and it seems particularly interesting to investigate whether children with ASP would present the same pattern of strengths and deficits as adults. In our research, children with ASP were tested in an advanced task of theory of mind based on a visual presentation of comic strips and in a more traditional assessment of false belief understanding : the Smarties test. Method – Two experimental groups participated in this study : a group of 16 high functioning children and adolescents with autism or with Asperger syndrome (ASP) and a group of 16 typically developing children matched on gender and age (CONT). The task was designed to assess the ability of children with ASP to infer the mental state of others. Stimuli were 26 different comic strips depicting a short story. Each comic strip was composed of three pictures and was shown on the upper half of the screen. Then three pictures numbered 1 to 3 showing possible outcomes of the scenario were superimposed on the bottom half of the screen. Only one of these three pictures represented a plausible conclusion to the scenario. This experiment contained two conditions : A Character intention (CI) condition and a Physical causality (PC) condition. The comic strips in the CI condition involved one character whose intentions had to be inferred by the subject in order to choose the correct picture. Comic strips in PC condition only required to understand physical causalities. Subjects were asked to watch the comic strip attentively and then they were required to make a choice between the three story endings by pressing the corresponding keyboard button. Both answers and response times were recorded. Additionally, all participants were enrolled in the classical false belief (Smarties) task. Results – Comic strips : An ANOVA [2 groups (CONT/ASP) × 2 conditions (CI/PC)] was performed on the number of correct responses. Neither the Group nor the Condition factor was significant (p > 0.05). In contrast, the interaction Group × Condition reached significance level [F(1-30) = 4.3, p ≪ 0.05)]. Further analysis revealed that performance of the ASP group was significantly higher in the CP (M = 10.8, SD = 2.5) than in the CI (M = 9.8, SD = 2) condition [t (1-14) = 2.9, p ≪ 0.001)], whereas there was no condition difference in the control group (p > 0.05). False belief : all ASP participants succeeded in the task. Discussion – Our data clearly demonstrated that children and adolescents with Asperger syndrome or high functioning autism exhibited an impairment in understanding the intention of others. In the comic strip task, children with ASP have more difficulties in the character’s intention condition than in the physical causality condition. This impairment is not imputable to a deficit in taking into account the context (Weack Central Coherence theory) since they performed as well as controls in the physical causality condition which also required the processing of the whole scene. In contrast, all children with ASP succeeded at the false belief task. These contradictory findings suggest that, although testing theory of mind, the two tasks do not tap similar mechanisms. It is possible that the use of verbal material in the false belief task improved performance of the ASP children who are known to present particular strengths in this domain. Another possible explanation that needs further testing would be that the level of complexity differs between the two tasks.


Mots clés : Asperger , Autisme de haut niveau , Enfant , Théorie de l’esprit.

Keywords: Asperger syndrome , Development , High functioning autism , Theory of mind.


Plan



© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 33 - N° 4-C1

P. 592-597 - septembre 2007 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Approche dimensionnelle des troubles des comportements sociaux chez l’enfant. Étude préliminaire de validation de la version française du Children’s Social Behavior Questionnaire (CSBQ)   
  • E. Excoffier, G. Vila, E. Taupiac, M.-C. Mouren-Simeoni, M.-P. Bouvard
| Article suivant Article suivant
  • État de stress post-traumatique chez l’enfant : sémiologie et comorbidité   
  • S. Mghaieth, S. Othman, A. Bouden, M.B. Halayem

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.