Le maintien d’une circulation de la dengue en hiver austral a été observé en 2017 sur l’île. Une épidémie s’est ensuite déclarée dès janvier 2018 avec un pic épidémique en avril–mai et près de 7000 cas biologiquement confirmés pour 26 000 cas cliniquement évocateurs.

Dès janvier 2019, une seconde vague épidémique de plus grande ampleur, a touché l’ensemble de l’île. L’objectif de cette analyse est de caractériser les cas survenus en 2019 et le délai de protection hétérotypique des cas secondaires.

La dengue est une maladie à déclaration obligatoire. Les données de surveillance épidémiologique ont ainsi été collectées. Les résultats de confirmation biologiques ont été obtenus auprès de l’ensemble des laboratoires d’analyses biologiques de l’île ; et les sérotypages auprès du CNR associé des arbovirus.

L’épidémie en cours depuis janvier 2018 s’est poursuivie en 2019 avec plus de 18 200 cas biologiquement confirmés et 50 000 cas cliniquement évocateurs.

En 2019, un nouveau sérotype (DENV-1) a été mis en évidence parmi les cas autochtones et co-circulé avec le sérotype DENV-2 présent depuis 2017. Originellement présent uniquement dans le sud de l’île, il s’est progressivement installé sur l’ensemble du territoire. Cette co-circulation a pu prolonger la transmission virale en absence documentée d’immunité durable de la population contre ce sérotype. Treize cas de dengue secondaire ont alors été identifiés sans majoration de la sévérité (séquence de l’infection DENV2 à DENV1) avec un délai de protection hétérotypique court ; le délai médian observé entre les 2 infections était de 13 mois.

Cette persistance de la circulation tout au long de l’année, couplée à une présence de 2 sérotypes sur l’ensemble du territoire fait peser le risque d’une endémisation de la dengue sur le territoire. Ce risque est d’autant plus prégnant que les premiers cas de DENV-3 parmi les cas autochtones ont été identifiés à la fin de l’année 2019.

L’émergence du sérotype DENV-1 en 2019 dans les suites d’une circulation du sérotype DENV-2 en 2018 expose à des cas de dengues secondaires avec un potentiel de sévérité majoré. Une dizaine de dengues secondaires ont été confirmées pour une quarantaine de probables caractérisées par une absence de majoration de la sévérité et un délai court entre les 2 infections.

L’apparition d’un 3^e sérotype à la fin de l’année 2019 et une évolution de la situation épidémiologique vers l’endémisation exposent à un risque de nombreuses dengue secondaires et une sévérité augmentant au fil des années. Des dengues secondaires sont d’ores et déjà mises en évidence en 2020.