L’interdit de représentation qui est au cœur de l’islam (qui renoue ainsi avec la tradition biblique) va donner naissance à un travail considérable sur l’image. Dans cet article, l’auteur aborde la question de l’image — dans une étude comparative entre christianisme et islam — à travers l’exemple de la Vierge et la naissance de Jésus. Si ce dernier est considéré, dans une lecture chrétienne, comme la plus pure image, car sur le modèle du Père, Ibn Arabi (philosophe et mystique andalou né en 1165 et mort en 1240) il va rompre aussi bien avec la scolastique chrétienne qu’avec la philosophie aristotélicienne quant à la question de la ressemblance et du modèle. Pour Ibn Arabi, le fils est à l’image de la mère et ce, sans qu’il s’agisse d’une baisse de puissance. Le corps de Marie sera, en outre, désigné comme un corps de chair traversé par le mouvement pulsionnel et la puissance d’Éros et c’est là que se conçoit l’image. Se trouve ainsi réhabilitée — à l’encontre d’une vision dogmatique classique — la pensée du féminin et du maternel aussi bien dans un rapport à l’image que dans ce qu’on appelle toujours après Freud : travail de construction en analyse.

The interdiction to represent what is at the heart of Islam gives birth to a considerable work dealing with its image. The author of this article deals with the question concerning the image of islam in a comparative study of islam and christianity using the example of the virgin Mary and the birth of Jesus Christ. The later is analysed under a christian perspective, which presents him as the most pure image of the holy father. Ibn Arabi, however, breaks with this christian scholasticism, focusing only on the body as well as with the aristotelian philosophy concerning the question of the similarity of this model. For Ibn Arabi, the son is the image of his mother without limiting the power of the former. Holy Maryʼs body represents one changed and reflecting her power. It is, at this point, the above-presented image, is rehabilitated by breaking with the classical theological interpretation of the female and material in relation to its image as well as in what we call, according to Sigmund Freud: construction in analysis.